mardi 3 juin 2014

Chroniques du désert

Attention: sur les Bobines, un classique peut en cacher un autre. J'évoque aujourd'hui un second long-métrage revu avec un plaisir incroyable sur écran géant: l'immense Lawrence d'Arabie. Je veux rendre hommage sans plus attendre au réalisateur, David Lean. Maître du cinéma britannique parti en Amérique un peu avant la fin des fifties, il nous a laissé quelques grands standards hollywoodiens...

Lawrence d'Arabie en fait incontestablement partie. D'aucuns jugent que c'est même le plus beau, mais je ne veux pas trancher ce débat. D'abord, un mot sur l'intrigue: le personnage-titre est un officier anglais chargé, au cours de la première guerre mondiale, de partir étudier les populations arabes et de veiller aux intérêts britanniques sur un vaste territoire, attaqué par les Ottomans (les Turcs actuels). Premier de ses mérites, le long-métrage rappelle ainsi que le conflit éclaté en 1914, il y a pile un siècle, connaissait d'autres théâtres d'opération que les tranchées de Verdun ou du Chemin des dames. Écrite à partir d'un personnage réel, plus ou moins romancée, la leçon d'histoire fascine par sa modernité: c'est aussi un film d'espionnage qu'il nous est proposé de regarder. À présent, plus de cinquante ans après qu'elle a été tournée, la fresque démontre encore toute la force de son incroyable beauté. Ces presque quatre heures de grand cinéma sont un voyage dont je suis revenu à regret. Je me suis si bien plongé dans ce que j'ai vu ! Oui, moi aussi, j'ai marché au coeur du désert...

J'aime toujours autant ces instants où la caméra prend son temps. Quand le décor devient personnage, le cinéma offre cette puissance évocatrice à laquelle je suis particulièrement sensible. Il y a ici quelques plans qui m'ont littéralement scotché au fauteuil, sans parole et pourtant si parlants. Rien, y compris au rang des effets spéciaux les plus modernes, ne me semble pouvoir remplacer cette émotion venue du réel. Lawrence d'Arabie obtint sept Oscars, mais aucun pour ses acteurs. Je veux tout de même citer le jeu de Peter O'Toole, Omar Sharif, Alec Guinness et Anthony Quinn au titre des raisons d'apprécier le film. On ne quitte jamais les pas de ce quatuor magique, plongé dans un monde incertain et changeant à l'heure fatidique de la redistribution des cartes. Vous aurez noté au passage que les femmes n'y ont pas voix au chapitre: le long-métrage puise une partie de sa notoriété actuelle dans le fait qu'il est l'un des rares aussi longs à avoir des dialogues exclusivement masculins. Je reste persuadé qu'il n'y a pas besoin d'être un homme pour y prendre plaisir.

Lawrence d'Arabie
Film américain de David Lean (1962)

J'ai apprécié le spectacle en version longue restaurée, format 70mm. Recadrées, les photos que j'ai choisies pour la chronique disent mal l'émotion ressentie devant cette splendeur. J'aimerais pouvoir revoir ainsi d'autres classiques de David Lean, Le pont de la rivière Kwaï notamment ou même Le docteur Jivago. Puissent les artistes entendre ma supplique... et maintenir en vie cette école du cinéma.

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Je ne suis pas sûr que le thème ait lui-même vieilli...
Vous pouvez en lire davantage sur "Ma bulle" et "L'oeil sur l'écran". Autre option: découvrir l'avis de David ("L'impossible blog ciné").

1 commentaire:

  1. Rebonjour Martin, ah Lawrence avec ses yeux bleus et la musique de Maurice Jarre et les paysages de désert. Ca c'était du grand spectacle. D'ailleurs, j'ai vu ce film au moins deux fois sur (très) grand écran: inoubliable. Bonne après-midi.

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