jeudi 15 août 2013

Miss tourbillon

J'en formule le voeu: qui veut s'aventurer hors des sentiers balisés trouvera toujours sur les écrans de cinéma des chemins de traverse dignes d'être parcourus. Il me paraît à la fois étonnant et réjouissant de constater qu'aux États-Unis, par exemple, le septième art génère annuellement quantité de films dispensables, aux côtés desquels il est possible de trouver de petites perles de technique et/ou d'intelligence scénaristique. Porté par un noir et blanc classieux, Frances Ha émarge en seconde catégorie. Et son héroïne est très attachante...

Frances Ha - c'est... une partie de son nom, le film vous expliquera tout ça beaucoup mieux que moi - a 27 ans. Elle habite un appart dans New York, avec Sophie, sa meilleure amie et colocataire, refuse de déménager pour vivre avec un garçon et pense qu'un jour, elle sera danseuse ou chorégraphe. Elle se dit aussi qu'en attendant, le monde peut bien lui laisser vivre dans son insouciance d'adolescente tardive. Or, toute gentille qu'elle soit, la demoiselle n'arrive plus franchement à retenir les gens autour d'elle. Quand le film commence, elle est même "plaquée" par Sophie, décidée, elle, à s'engager durablement avec son petit copain. D'adresse provisoire en vraie galère, Frances découvre la vraie vie dans la douleur. Le moment est venu pour moi d'indiquer que le film, lui, n'a rien de pathétique. À l'image d'ailleurs de son personnage principal, il est drôle, assez farfelu et touchant. Tourbillonnant, aussi, avec certains dialogues d'une rare volubilité.

Quel est le mot pour ça ? Arty ? Peut-être bien. La critique professionnelle souligne volontiers que le film multiplie les références au cinéma d'auteur et notamment à la Nouvelle Vague française. Comme vous pouvez l'imaginer, le choix de tourner en noir et blanc n'est pas anodin: cette technique apporte au long-métrage une patine artisanale, pas dénuée d'intérêt. Frances Ha n'en demeure pas moins d'une incontestable modernité, les atermoiements de la jeune femme ressemblant fort à ce que bien des jeunes adultes peuvent ressentir. Je ne suis pas sûr du coup que le scénario puisse séduire un public très large - en fait, ce serait plutôt même le contraire. On notera pour sa défense qu'il a été co-écrit par Greta Gerwig, titulaire du rôle principal. Pour le coup, à l'écran, l'abattage de la comédienne contribue grandement à la réussite formelle de l'ensemble. Suffisamment en tout cas pour que je parle d'un petit coup de coeur.

Frances Ha
Film américain de Noah Baumbach (2013)

Un noir et blanc tourné dans New York: le réalisateur peut sembler marcher dans les pas de Woody Allen et de son superbe Manhattan. On peut aussi trouver de (lointains) échos avec Alice, autre histoire de femme tardivement révélée à elle-même. C'est à vous de saisir d'autres références, maintenant: la musique de Georges Delerue pourrait vous y aider. J'ignorais tout de Noah Baumbach avant de voir ce film. Depuis, j'ai appris qu'il avait collaboré avec Wes Anderson. Délire: il a co-scénarisé le dernier volet de la franchise Madagascar !

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Et maintenant, une autre opinion sur le film ?

J'ai l'impression que Pascale ("Sur la route du cinéma") a aimé aussi. Dasola ("Le blog de Dasola") est plutôt passée à côté.

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