dimanche 14 juillet 2013

Révolution en germe

Vous avez vu le calendrier ? C'est tout sauf un hasard si j'ai choisi d'évoquer aujourd'hui un film sur la Révolution française. Je dois toutefois dissiper une possible ambigüité: l'intrigue de Lady Oscar s'achève le 14 juillet 1789, jour de la prise de la Bastille. Son scénario se développe sur les trois décennies précédentes. Quand l'histoire commence, nous faisons connaissance avec un membre de la noblesse royale, le général de Jarjayes. Sa femme vient de mourir en couches en lui offrant une sixième fille. Privé d'héritier mâle, le vieil homme choisit d'éduquer sa benjamine comme un garçon. Pas de sentiment !

Quelque vingt ans plus tard, Mademoiselle Oscar François de Jarjayes est devenu le capitaine de la garde de la reine Marie-Antoinette. Hormis la souveraine elle-même et un ami d'enfance, rares sont ceux qui ont connaissance de sa véritable nature féminine. Les éléments du puzzle sont déjà en place, même si on les distingue encore mal. Plus qu'à l'inéluctable montée du sentiment contestataire au royaume de France, Lady Oscar s'intéresse d'abord à la destinée d'une femme emportée par les événements. D'aucuns trouveront ce concept scénaristique monstrueusement kitsch. Si le long-métrage assume assez fièrement ses aspects romanesques, il est permis de les trouver un peu trop caricaturaux pour lui pardonner ses outrances. Je souligne donc que, pour ma part, je me suis vraiment pris au jeu. J'ai apprécié que l'on prenne le temps de nous présenter une série de personnages secondaires, par ailleurs souvent inspirés des véritables protagonistes de ces années incertaines. Et tant pis si le reste est pure invention...

En plus de dire que j'ai toujours aimé le cinéma en costumes, je crois utile de préciser que j'ai trouvé dans le propos du film quelques échos à la situation actuelle de la France. C'était ma foi agréable ! J'ajoute que, bien que confiant en la capacité de Jacques Demy à me séduire encore, je n'aurais pas nécessairement misé lourd sur cet extrait-là de sa - belle - filmographie. Peut-être que le titre vous est familier. Retour en arrière: Lady Oscar est au départ... un dessin animé japonais, lui-même adapté de La rose de Versailles, un manga paru au début des années 70. C'est donc bel et bien un producteur nippon, Mataichiro Yamamoto, qui a contacté Jacques Demy pour passer commande du film. Les acteurs, eux, sont pour la plupart sujets britanniques et, suite logique, la version originale du long-métrage est anglaise ! Rarement montré si ce n'est en festivals, ce drôle d'objet cinématographique n'a véritablement été distribué en France qu'à partir de 1997. Un vague problème de droits heureusement réglé.

Lady Oscar
Film franco-japonais de Jacques Demy (1979)

Je n'ai pas renoncé à l'idée de voir un jour le Danton du réalisateur polonais Andrzej Wajda. Je constate en attendant que le traitement de la Révolution française peut changer très radicalement en fonction de la sensibilité du cinéaste concerné. Pour en juger, je vous suggère de vous intéresser aux oeuvres de Sofia Coppola (Marie-Antoinette) et de Benoît Jacquot (Les adieux à la reine). Illustration de la France de Louis XV, le Cartouche de Philippe de Broca a de bonnes chances de séduire lui aussi les adeptes des récits d'amour et de révolution. Autre temps, autre continent: la fin du film évoque aussi celle de No.

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Si vous tenez à vous concentrer sur le Jacques Demy...
Un détour s'impose pour lire l'avis de mes amis de "L'oeil sur l'écran".

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