lundi 6 mai 2013

Une histoire de folle

J'adore les sushis, moi aussi. Je ne me trouve pas d'autre point commun avec Chouchou, le personnage qu'interprète Gad Elmaleh dans le film éponyme. Dix ans sont passés depuis sa sortie et, curieusement, le voir aujourd'hui fait aussitôt penser à  l'actualité récente. Il y est en effet question d'un homosexuel tendance travesti. Choukri - c'est son vrai prénom - débarque un jour en banlieue parisienne et, bien que maghrébin, se fait passer pour un réfugié politique chilien. Un prêtre feint d'oublier que la dictature est tombée et lui accorde l'asile. C'est le début d'un conte de fées moderne...

Le saviez-vous ? La différence ne fait pas peur et les gentils finissent toujours par être heureux. Pour la blague, on repassera. Exception faite de quelques situations décalées, Chouchou n'est vraiment drôle que par intermittences. Il faut dire que le film s'inspire directement d'un personnage créé par Gad Elmaleh... sur scène. Passer du sketch au long-métrage n'est pas une science facile - d'autres s'y sont cassé les dents. Cette fois, le résultat paraît probant quand d'autres acteurs expérimentés (Claude Brasseur, Catherine Frot ou Roschdy Zem) interviennent. Mais, même avec l'ami Alain Chabat, l'ensemble peine plutôt à décoller. Il faudra donc se contenter de quelques scénettes farfelues et, évidemment, de l'abattage comique du comédien principal. Au-delà du jeu, l'important est dans le verbe, avec des mots déformés en veux-tu en voilà. Parfois, ça reste assez bien trouvé.

Sur le plan de la mise en scène, en revanche, le long-métrage n'invente rien de particulier. La grande linéarité du scénario n'incite guère à la débauche d'effets, c'est vrai, mais le traitement formel semble moins extravagant que les personnages. Bilan: sans m'ennuyer franchement, j'ai regardé ce film d'un oeil paresseux. Inutile d'attendre quelque message subversif: tout du long, le ton employé reste au contraire très sage, presque consensuel. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil... ou presque. Pas exempt d'ailleurs de clichés, Chouchou se répète beaucoup, demeure terre-à-terre et, à de nombreuses reprises, frôle la caricature. Y avait-il mieux à dire ? Peut-être, mais je ne sais pas comment. Il est vrai que la comédie est un genre compliqué. Je l'aime en fait un tantinet plus vacharde.

Chouchou
Film français de Merzak Allouache (2003)
Ce qui sauve le film à mes yeux, c'est sa probable sincérité. Loin d'asséner un message militant, on sent que les protagonistes ont voulu dédramatiser des situations finalement assez banales. On reste toutefois loin de la drôlerie de La cage aux folles, mais c'est vrai qu'on passe difficilement après le formidable tandem Serrault/Poiré. D'autres films ont bien sûr abordé la question du travestissement. J'en retiens et cite deux, vraies merveilles de cinéma, classiques d'entre les classiques: Certains l'aiment chaud et Victor Victoria.

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