jeudi 11 avril 2013

Petite fée citadine

Faute de DeLorean garée à proximité, le cinéma est pour moi l'outil indispensable au voyage dans le temps. C'est franchement curieux comme les souvenirs sont trompeurs, parfois. Exemple: j'étais persuadé que Le fabuleux destin d'Amélie Poulain était sorti tardivement au cours des années 90, alors qu'il est un peu plus récent. Pour le reste, ma mémoire fonctionne correctement, merci pour elle, et je me souvenais plutôt bien du scénario du film. Soit, donc, une jeune femme, parisienne, célibataire, qui se décide à faire le bien autour d'elle et s'oublie un peu dans le soutien qu'elle apporte aux autres. Une petite fée citadine dans un décor de carte postale.

Grand succès public en France, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain émarge au deuxième rang des films français... les plus vus dans le monde. Il a franchi les 100.000 entrées dans plus de 30 pays ! Le New York Times le classe même parmi les 1.000 meilleurs films jamais réalisés. Je crois qu'on peut dire qu'il a marqué son époque, même si cette dernière est plus proche que je ne l'avais imaginé. Audrey Tautou était toujours l'une des plus pétillantes jeunes actrices de France et Mathieu Kassovitz ne crachait pas encore dans la soupe du cinéma hexagonal. On était heureux d'apprécier une distribution de grand prestige avec Rufus, Djamel Debbouze, Isabelle Nanty, Dominique Pinon, Lorella Cravotta et bien d'autres encore. Quintessence du made in France d'avant la crise, qui savait s'amuser sur les sentiments et faire du bien à un pays pour une fois unanime.

Unanime ? Non, en fait, pas tout à fait. Sous le vernis nostalgique d'un Paris qui n'existe pas vraiment, certains ont vu les pires choses: de la poésie frelatée, une esthétique publicitaire rétro et un propos insignifiant, par exemple, pour Serge Kaganski, ponte de la rédaction des Inrockuptibles, l'assimilant même à un possible clip de promotion pour... le Front National. Il doit bien m'arriver de dire ou de penser des bêtises sur le cinéma, question d'interprétation ou de ressenti pur et simple. Le fabuleux destin d'Amélie Poulain ne me semble pas mériter pareille opprobre. Avec une esthétique particulière, c'est vrai, et un rendu formel un peu décalé, sa naïveté fondamentale le rendrait plutôt d'après moi complètement inoffensif. Je l'ai revu avec plaisir, un peu moins enthousiaste que la première fois, mais assez content quand même que la France puisse aussi inspirer ce genre d'images.

Le fabuleux destin d'Amélie Poulain
Film français de Jean-Pierre Jeunet (2001)
Deuxième film français le plus vu à l'international, disais-je. Désormais, le premier est Intouchables, autre déformation de la vie quotidienne dans laquelle nous, Français, aimons nous reconnaître malgré tout. C'est un peu, je crois, la caractéristique des films réalisés par Jean-Pierre Jeunet - à confirmer cette année, le prochain étant attendu pour octobre. On notera tout de même que le cinéaste a également réalisé un volet de la saga Alien. Preuve s'il en fallait qu'il est assurément capable d'un autre regard sur le septième art.

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Pour vous donner une idée complète...
"L'oeil sur l'écran" vous propose une autre lecture du film.

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