jeudi 4 avril 2013

Jusqu'à l'irrémédiable

La pluie des récompenses obtenues m'a finalement décidé à aller voir Amour. Par bonheur, même sorti en DVD, il passait encore il y a peu dans un cinéma près de chez moi. J'hésitais encore quelque peu jusqu'à deux heures avant la séance, mais j'ai pensé que l'émotion ressentie serait moins forte sur mon canapé. J'ai subi un papy commentateur en direct, mais je suis content de ce que j'ai vu. Rappel pour les étourdis ou les cinéphiles intermittents: le film, Palme d'or l'année dernière, évoque la façon dont un vieux monsieur s'occupe de sa femme mourante. Un long chemin de croix vers l'inéluctable.

Après quelques plans d'introduction qui préfigurent la fin, on découvre Anne et Georges au concert, mélomanes parisiens en train d'attendre un lever de rideau. La caméra cadre large: avec eux, c'est l'ensemble du public du Théâtre des Champs Élysées qu'il est donné d'apercevoir, comme pourrait le faire le pianiste, resté hors-champ. Le style s'impose d'emblée: pas de caméra frénétique, pas de mouvements inutiles pour définir un rythme. C'est dans le dialogue que le film trouve pleinement sa justification. Huis-clos oblige, Amour peut paraître un peu trop théâtral au début, mais je me suis aussi habitué à ce phrasé. La finesse d'écriture met en valeur un scénario capable ponctuellement de transcender le pathétisme des situations. Il m'est même arrivé de sourire après quelques répliques, sans en être gêné.

Puisqu'Anne et Georges sont bientôt contraints à l'immobilité, le film repose sur les épaules d'Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant. Quel duo ! Comment ne pas admirer le travail de Riva ? Il faut avoir un sacré cran pour chercher au fond de soi de quoi exprimer l'ignominie de l'agonie. Le faire à 85 ans passés mérite à mes yeux tous les coups de chapeau. Trintignant, lui, brille dans un registre différent: il lui est donné de jouer toute une gamme de sentiments, complémentaires ou parfois contradictoires. Quelques personnages renforcent la distribution, mais ils passent vite au second plan. L'essentiel du propos se concentre sur le tandem et la thématique essentielle. Bien que rude, Amour est vraiment une très belle œuvre.

Amour
Film franco-autrichien de Michael Haneke (2012)

Cette oeuvre a évidemment quelque chose d'unique. Je ne crois pas avoir vu d'autre long-métrage montrant ce que peut être la fin de vie de manière aussi frontale. Plusieurs grand spécialistes médicaux figurent au générique, ce qui laisse penser que le réalisateur a pris des renseignements auprès de sources compétentes. À titre maintenant de comparaison, j'ai entendu parler de Mar adentro, axé sur la tétraplégie, et j'ai su "affronter" Le scaphandre et le papillon.

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Un tout dernier mot...

Simplement pour vous proposer de lire également la chronique cinglante de Pascale ("Sur la route du cinéma") et de découvrir celle de Dasola ("Le blog de Dasola"). Plusieurs avis valent mieux qu'un.

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