dimanche 23 janvier 2011

Régale-toi, médite, ouvre ton coeur

Une chronique de Moko-B

Un samedi soir, une envie de ciné m'avait pris, comme peut nous prendre parfois une envie de Nutella. Et il ne m'en a pas fallu plus pour tenter et réussir à convaincre une amie et son doudou-chéri de m'accompagner voir Mange, prie, aime de Ryan Murphy, papa de Nip/Tuck, avec la sublimissime Julia Roberts, maman du sourire XXL. J'avoue que j'ai été poussée vers ce film plus par une intuition que par une lecture détaillée de son résumé. En gros, je suis allée le voir sans trop savoir pourquoi. Dans la bande-annonce vue le matin même, j'avais aperçu l'Inde, un éléphant, Julia Roberts mangeant une glace, souriante, et Javier Bardem. Suffisant à me convaincre.

Bref, il est donc 19h30 et des poussières et je me cale moelleusement dans mon fauteuil en velours rouge grenat, prête à me laisser envahir de scènes dégoulinantes de romantisme - je cherchais un peu une sensation Ben&Jerry's, mais avec des images, voyez-vous. Je me trompais. Mange, prie, aime n'est pas un film romantique. C'est un voyage initiatique autour de trois étapes clés, dans trois pays différents. Ce voyage débute après que Liz (Julia Roberts) a eu les "couilles" de mettre fin à la vie de couple qu'elle (ne) vit (plus) avec Stephen, son mari depuis huit ans. Liz n'est plus heureuse, elle le sent, elle le transpire, elle le voit.... elle est envahie par cette idée jusqu'à prier Dieu pour la première fois de sa vie en lui demandant secours (quand on en arrive là, effectivement, il est temps de faire quelque chose !). Elle divorce, vit une petite aventure et quelques semaines plus tard, elle décide de quitter New York pour partir faire un voyage d'un an à travers l'Italie, l'Inde et Bali. Notons que cette impulsion est favorisée par une rencontre faite lors d'un précédent voyage à Bali où un shaman, Ketut, lui avait prédit certaines choses (divorce, retour à Bali, bla bla bla...). Et là où ce film aurait pu partir dans un délire n'importekoitesque et parodique de la femme-moderne-revisitant-son-destin, Mange, prie, aime choisit la logique initiatique.


Ainsi en Italie, Julia vit sa liberté retrouvée. Elle mange (beaucoup) et s'amuse en s'imprégnant de la Dolce Vita et du farniente à l'italienne. Elle revit, a bonne mine, l'oeil pétillant et le sourire large. Puis vient l'Inde, où elle intègre une communauté s'inspirant du culte des gourous hindous. Elle sue, elle se fait piquer par des moustiques, elle tente d'apprendre la méditation et le silence... et rencontre un autre grand rescapé de l'amour, Richard, qui la surnomme affectueusement Casse-croûte (Liz continue de manger beaucoup !). Et elle est touchée par le destin tout tracé de Tulsi, une jeune Indienne de 17 ans qui se marie contre son gré. Et puis forte de cet apprentissage karmique, elle (re)part vers Bali et vers Ketut. Entre méditation et vie simple, le temps d'aimer est revenu pour Liz, que le destin (généreux), met sur la route de Felipe (Javier Bardem plus "sensouel" que jamais), autre naufragé de la vie maritale. Comme dans tout bonne histoire d'amour, tout commence sur un quiproquo entre eux, pour finir dans la douceur. Ce que l'on ressent en lisant un livre ou en voyant un film dépend beaucoup de la vie que l'on mène à cet instant précis. Pour moi, Mange, prie, aime a été une claque, une révélation.


Je suis restée par moments clouée en me demandant "Pourquoi je ne fais pas la même chose ?". Sans parler de partir au bout du monde, je voudrais simplement oser franchir le pas de la porte vers la sortie, dire "au revoir" et recommencer. Pourquoi le courage manque-t-il à ce point parfois ? J'aimerais avoir la force de prendre mon destin en main, tout comme Liz. J'aimerais oser me casser la gueule, perdre tout, prendre du poids et me sentir vivante. J'aimerais savoir à nouveau ce qu'est "aimer et être aimée". J'ai cru par moments être seule dans la salle, avec le film me regardant moi en me disant "Voilà ma vieille, c'est un exemple de trucs à faire si tu veux te sortir du pétrin !". Faire la sourde oreille, j'aime ça ...


Mange, prie, aime

Film américain de Ryan Murphy (2010)

Mange, prie, aime ne m'a pas déprimée, loin de là. Ce film offre, à mon sens, un point de vue crédible sur la façon de transformer et reconstruire sa vie, quand ce que l'on a entre les mains n'offre plus rien d'épanouissant. C'est une histoire douce, pétillante, vitaminée et sucrée/salée. Julia Roberts et Javier Bardem forment un joli couple, inattendu et harmonieux. Si vous aimez les films traitant du coeur humain, et du voyage des âmes pleines de vie, allez voir ce film. On peut dire que Ryan Murphy a su nous emmener loin des turpitudes trash de sa série scandaleuse. Manger, prier, aimer... quand je me lancerai, ça ne sera pas forcément ces mots-là qui seront les miens. Quand j'arriverai à me "pardonner" certains moments de ma vie, viendra alors pour moi le temps de vivre, échanger, aimer. Dès que possible, inch'Allah !

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