Collègues de travail, Lucie, Pascale et Amandine s'interrogent depuis le début de la matinée: pourquoi l'immeuble en face de leur bureau arbore-t-il une banderole "Homme seul" ? Quel mystérieux voisin s'est-il ainsi mis en avant ? Et dans quel but ? C'est sur cette énigme que débute Bancs publics (Versailles rive droite), l'un des films étonnants que j'ai vus cette année. Je le dis d'emblée: je n'ai pas accroché tout de suite à ce drôle de scénario, l'anecdote que je viens de citer n'étant jamais que son point de départ. Les trois copines connaîtront le fin mot de l'histoire, mais, avec elles, le spectateur aura d'abord fait mille et un contournements vers des récits parallèles. Il se retrouve face à ce qu'il est convenu d'appeler un film à sketches, genre qui ne m'a toujours qu'à moitié convaincu.
Sorti au cinéma l'an passé, Bancs publics (Versailles rive droite) n'est pas une comédie désopilante. Il prête parfois à sourire, beaucoup plus qu'à rire, et offre à vrai dire une galerie de caractères assez typés, objectivement plutôt bien sentis en général. Je dirais que c'est d'abord un film d'acteurs: son affiche annonce d'ailleurs franchement la couleur et détaille les 38 (!) personnages principaux. Il faut en effet comprendre qu'aucun comédien ne prend véritablement le pas sur l'autre dans ce vaste inventaire du cinéma français. Il y en a d'un peu toutes les époques, immenses stars, interprètes populaires ou pépites brutes, encore en devenir. Abondance de biens nuirait-elle ? Possible. Il me semble en tout cas que le réalisateur s'offre avant tout un exercice de style pour caser tout ce beau monde. De ce jeu, il est possible de se lasser.
Pour autant, pas question de jeter le bébé avec l'eau du bain ! J'admets que le film n'est pas mauvais: il est bon... dans son genre et n'est même pas dénué d'un peu de poésie. Toutes ces trombines qui passent et parfois repassent font plaisir à voir et il y a bien quelques passages assez loufoques pour faire monter la mayonnaise. Finalement, le seul reproche que je pense pouvoir faire, c'est celui d'un certain manque d'unité. Le film dure presque deux heures. Longueur raisonnable, certes, mais certaines de ses scènes paraissent dispensables. D'autres, au contraire, sonnent tout à fait juste dans leur fantaisie première. On se prend donc plus ou moins au jeu, en fonction de son goût pour tel ou tel thème, tel ou tel nom du septième art, invité ponctuel devant la caméra. Bancs publics (Versailles rive droite) a quelque chose de parisien, peut-être. Comme la Tour Eiffel, il serait assez pertinent en ambassadeur artistique de notre cher pays. Mais alors, parmi d'autres richesses.
Bancs publics (Versailles rive droite)
Film français de Bruno Podalydès (2009)
Son frère Denis, Chantal Lauby, Olivier Gourmet, Hippolyte Girardot, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Julie Depardieu, Claude Rich, Amira Casar... vous l'aurez compris, le réalisateur a convoqué le ban et l'arrière-ban du septième art made in France pour signer efficacement une oeuvre chorale de grande ampleur. Là où les choses coincent un peu, c'est du fait que toutes les scénettes ne sont pas forcément liées entre elles par un même argument dramatique. Réflexion faite, je préfère pour ma part les scénarios un peu mieux charpentés. Dans le genre, par exemple, un Danièle Thompson comme Fauteuils d'orchestre ou un Cédric Klapisch - je citerais volontiers Paris ou Chacun cherche son chat, à la limite.
C'est un film complètement décalé au casting impressionnant ! Je me souviens l'avoir vu en avant-première en présence de certains acteurs et du réalisateur, peut-être est-ce pour cela que ce film a une place toute particulière dans mon Panthéon des films : Bruno Poladylès est un bonhomme (je dis ça avec le plus grand respect) hyper attachant et super intéressant. Moi, le film, j'ai accroché car je l'ai trouvé original. Je trouve qu'il "dissèque" les comportements humains et moi, ça, j'adore ! Là, où je suis d'accord avec toi Martin, c'est que toutes les scénettes ne sont pas drôles dans ce film, mais l'ensemble tient la route, à mon avis ! Après si je ne dis pas de bêtise et si ma mémoire est bonne, je crois que ces Bans Publics font partie d'une trilogie. Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir les deux autres films. Peut-être que l'ensemble des trois te convaincra plus ?
RépondreSupprimerSilvia
J'ai beaucoup aimé les deux autres : Versailles Rive Gauche et Versailles-Chantiers (que nous avons vu dans sa version normale et sa version interminable :-)) Donc, je le regarderais certainement... Podalydès a t-il cherché à aller trop loin dans les juxtapositions d'histoires ? Peut-être...
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