D'aucuns l'ont sans doute oublié, mais Peter Jackson n'est pas le seul à avoir réalisé un remake de King Kong, film-culte sorti en 1933 dans sa toute première version. Entre l'original et la vision proposée par le réalisateur néo-zélandais, le grand singe a notamment fait parler de lui en 1976, grâce au cinéaste britannique John Guillermin. Le long métrage de ce dernier offre son premier rôle à Jessica Lange et permet aux nostalgiques et aux étourdis de se souvenir que, couronné d'un Oscar cette année, Jeff Bridges a une longue carrière derrière lui. L'intrigue ? Ceux qui l'ignoreraient encore apprendront que l'essentiel du propos tient à l'enlèvement d'une jeune damoiselle par un primate format XXL, suivi de la poursuite et de la capture dudit primate visant à le transformer en simple bête de foire.
Le reste est assez anecdotique. Les plus cinéphiles d'entre vous noteront simplement que Jackson, lui, est resté fidèle aux origines en faisant d'un tournage de film l'occasion d'une première rencontre avec la bête. Guillermin, pour sa part, respecte l'histoire du cinéma en faisant du grand singe l'idole d'un peuple primitif, mais c'est désormais au cours d'une prospection pétrolière que les hommes s'aventurent pour la première fois sur son territoire. King Kong 1976 est-il plus fascinant que son aîné de 1933 ? Qu'il me soit ici permis d'avoir un doute et de réserver ma réponse, ayant pu voir (et revoir) le premier sans avoir encore jamais fait la connaissance du second. Aux vues de ce qu'il est devenu ensuite en 2005, toute comparaison me paraît franchement hasardeuse. Et pas nécessairement utile.
Pour ne parler donc que de cette version 1976, il faut admettre qu'elle a pris un coup de vieux. Ces images qui avaient à l'époque obtenu une nomination à l'Oscar de la meilleure photographie apparaissent franchement kitsch désormais. Ce à quoi les dialogues offerts à Jessica Lange n'arrangent rien: l'actrice, qui mérite mieux, a l'air d'une blondinette sans cervelle et, à la place de Jeff Bridges, pas sûr qu'on se démène autant pour la sauver. Cela étant dit, et même si ce King Kong ne fera pas frissonner grand monde aujourd'hui, je n'ai pas envie de jeter le gorille avec l'eau du bain. Certes, on pourra m'affirmer que personne ne tourne plus de films semblables de nos jours: c'est justement ce qui me plaît et sauve l'ensemble à mes yeux. En un mot, passer à côté de cette oeuvre n'a rien de grave et ne vous privera aucunement d'une page importante de l'histoire du cinéma. Oui, à tout prendre, mieux vaut sans doute encore revenir aux origines et privilégier la version de 1933. Reste que je ne démordrai pas: sous la patine du temps, il y a toujours quelques belles choses à découvrir pour celles et ceux qui voudront bien regarder d'un oeil pas trop blasé. Notez aussi que cette version est, de toute l'histoire des remakes, celui qui a le mieux marché auprès des exploitants français, avec un peu plus de 4 millions d'entrées. La version 2005, elle, n'en totalise qu'environ 3,6 millions.
Un remake inutile, comme son successeur, sauvé par la belle musique (pléonasme) de John Barry et la grâce de Jessica Lange la bien nommée...
RépondreSupprimerSur l'original, abordé en (grand) film méta :
http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/king-kong-land-of-dead.html?view=magazine
Je ne le trouve pas si inutile, moi. Kitsch, sans doute, mais j'ai une certaine affection pour lui.
RépondreSupprimerPour ce qui est de l'original, je lirai votre chronique plus tard, quand j'aurai découvert cette version 1933.