vendredi 12 février 2010

La drôle de guerre

J'y vais ? J'y vais pas ? Toujours la même histoire, Tarantino et moi. Chaque fois qu'un de ses films sort sur les écrans, j'ai plus ou moins envie d'aller le voir, mais il y a également toujours une réticence certaine, sans d'ailleurs que je sache réellement l'expliquer. Là encore, comme Mélanie Laurent sur la photo, j'ai réfléchi. Tergiversé, même. Bilan: j'ai fini par rater l'occasion de voir Inglourious basterds au cinéma. C'est sans doute que je pouvais m'en passer, hein ? Si j'en parle aujourd'hui, c'est que j'ai donc fini par m'offrir une séance de rattrapage DVD. Avant de vous donner mon avis, un petit mot de l'intrigue pour ceux qui seraient complètement passés à côté: nous sommes dans les années 1940. Landa, un haut responsable SS, traque une famille de juifs, la repère dans une ferme isolée de la France profonde, et en abat sauvagement chacun des membres... sauf une jeune fille, Shosanna. Laquelle, en images ci-dessus, cherche vengeance. Fondu au noir. Ensuite ? Je préfère ne pas vous en dire davantage car, même si j'étais au fait des tenants et aboutissants du scénario avant de voir le film, je juge préférable de ne pas les divulguer trop explicitement. Après tout, ce ne sera pas la première fois que je le dirai sur la base d'un constat: le cinéma gagne toujours beaucoup quand il surprend.

Mon avis, maintenant. Inglourious basterds est d'abord un film réussi sur le plan technique. Quentin Tarantino sait filmer, il sait aussi (re)créer un univers, il sait enfin s'entourer d'acteurs charismatiques, qu'ils soient d'ailleurs des stars ou des comédiens moins connus. Je reconnais que chacun de ses longs métrages contient à mes yeux l'ensemble de ces éléments. Je pourrais le dire autrement: aucun ne sonne faux, pas même celui-là, qui est pourtant très librement inspiré d'une réalité pourtant difficile à contourner. Revers de la médaille, c'est là même que réside d'après moi la limite de l'exercice: le révisionnisme historique de QT ne surprend plus compte tenu de la personnalité de son auteur, mais il peut déranger. Choquer, même. Parmi les choses que j'apprécie nettement moins ici, il y a cette manière très désinvolte d'utiliser des situations passées et des personnages réels, de vider immédiatement l'ensemble de sa substance profonde, et de transformer la recette originelle en une mixture au goût personnel. J'ai du mal à critiquer les artistes qui inventent quelque chose de neuf, mais crois qu'il faut respecter certaines limites. Quentin Tarantino préfère visiblement les envoyer valdinguer: libre à lui, mais je dois dire que je n'adhère pas totalement à l'audace de ce procédé. Je trouve qu'il manque également de sincérité: pour atteindre son objectif, le réalisateur américain pompe allégrement dans tout ce qui s'est fait avant lui. C'est un hommage, dit-il. Pour moi, ça ressemble aussi à du plagiat.

Le paradoxe suprême, et qui résume parfaitement ce que je pense de ce cinéaste, c'est que j'écris ces mots en me disant que je suis quand même un peu dur. Alors, j'insiste: Inglourious basterds n'est pas un mauvais film. Par certains aspects, il m'a même vraiment plu. Le premier argument en sa faveur sera sans nul doute l'utilisation des langues: l'anglais s'y mélange joyeusement avec le français, l'allemand et l'italien, ce qui donne une VO très crédible - sélectionner la VF tient ici du véritable sacrilège ! Ce respect des mots s'appuie sur une très belle distribution internationale et des dialogues cuisinés aux petits oignons. Parmi les scènes les plus cocasses, je retiens celle où Brad Pitt essaye vainement de se faire passer pour un Italien avec un accent américain à couper au couteau. Et je ne vous parle pas du jeu de Christoph Waltz, qui n'a clairement pas volé son prix d'interprétation masculine lors du dernier Festival de Cannes ! Grandiose ! Je noterai également, comme autres points positifs d'une moindre mesure, l'ambiance générale et le taux d'hémoglobine, en légère baisse par rapport aux canons tarantiniens. Reste un style auquel je ne parviens pas à adhérer totalement et, de ci de là, quelques faiblesses, notamment le jeu de Mélanie Laurent, jolie fille, certes, mais actrice privée de lignes de textes croustillantes. Encore une fois, je suis donc resté un peu "en dehors". Cela dit, ce n'est pas très grave, car je m'y attendais un peu. Possible que ce soit justement d'avoir tant entendu parler du film avant qui m'a privé d'une certaine partie du plaisir. Meilleure chance la prochaine fois ?

3 commentaires:

  1. gwenaelle lardinois15 février 2010 à 02:08

    j'ai adorer ce film ! Je ne l'attendais absolument pas dans ce genre de sénar' ! Je l'adooore !!

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  2. Eh bien je constate que tu as eu du mal à digérer le strudel tarantinien. Moi, par contre, j'avoue m'être (in)glorieusement gavé en salle puis en DVD. En fait je passais par là pour rendre un funeste hommage à Rod Taylor qui avait là une de ses dernières apparitions au cinéma. En ce mercredi noir de sang, dans un coin de Los Angeles, un autre grand artiste a aussi disparu dans l'anonymat de l'actualité.

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  3. @Princécranoir:

    Ouais, je confirme, ce n'est pas trop ma came. QT me déçoit souvent. Quant à Rod Taylor, il m'aura fallu une petite recherche Google pour l'identifier. On va dire que ce sera une raison supplémentaire de revoir "Les oiseaux"...

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