dimanche 12 avril 2009

Dans le froid Minnesota...

Depuis combien de temps voulais-je voir Fargo ? Je ne sais pas dater avec précision, mais plusieurs années, c'est sûr. J'en ai eu la preuve rétrospective sur DVD Attitude, un forum cinéma que je fréquente avec plus ou moins de constance. J'ai vérifié: j'y avais exprimé l'envie de découvrir cette production des frères Coen en janvier 2006 ! L'idée trottait dans ma tête depuis déjà un bon moment ! Finalement, ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai eu l'occasion de la suivre. Je ne le regrette pas. Ce long métrage sorti en 1996 est un bijou. Notons au passage que les professionnels de la profession l'ont d'ailleurs récompensé à de nombreuses reprises. Publier la liste serait sans doute un peu fastidieux. Je relèverai juste qu'aux Oscars comme à Cannes, l'actrice principale, Frances McDormand, fut couronnée d'un prix d'interprétation. Je vais revenir là-dessus. D'abord, un mot sur l'homme de la première photo, William H. Macy, alias Jerry Lundegaard à l'écran, l'anti-héros de cet âpre film noir. Tout le scénario part de son idée folle de faire kidnapper sa femme pour toucher une partie de la rançon. Un plan dont les frères Coen nous racontent une heure et demie durant... le gigantesque échec !

Pourquoi, comment, tout cela foire-t-il ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire ici ! Un indice, un seul: Jerry est cupide et stupide, ce qui fait qu'il court plusieurs lièvres à la fois pour récupérer l'argent de ses dettes, mais aussi, et c'est le noeud gordien du film, qu'il est bien incapable de ne pas se laisser déborder par les événements. Résumons: Jerry est un être médiocre, un de ces rednecks américains que l'on imagine parfois en Europe... sans les avoir rencontrés. Un exemple parmi d'autres. Il n'est pas le seul à n'avoir qu'une intelligence limitée. Showalter et Grimsrud, les deux truands qu'ils engagent donc pour kidnapper sa femme, ne valent pas mieux. Plutôt bien écrite, l'histoire de Fargo reste relativement classique. Là où le film est presque parfait à mes yeux, c'est dans le casting. Chaque acteur joue merveilleusement juste. Et en ce qui concerne les kidnappeurs, donc, Steve Buscemi et Peter Stormare sont particulièrement convaincants. Froids, veules et impulsifs.

J'en viens finalement à Frances McDormand, le seul personnage réellement positif de cette sombre histoire, la lumière de ce film noir, son héroïne positive unique. Cette femme flic enceinte confrontée à ce que l'humanité a de plus vil est bluffante. Je me suis très vite pris de sympathie à son égard: elle enquête mais ne juge pas, réfléchit mais ne prend pas les choses de haut, fait son travail sans demander son reste. Cette Marge Gunderson, c'est l'Américaine moyenne qui prouve qu'on peut toujours s'en sortir en étant humble et en réfléchissant un peu. C'est un très beau rôle que les Coen ont donné là à l'une de leurs actrices fétiches. La comédienne lui fait honneur en livrant, tout en retenue, une prestation de haut vol. Histoire simple sur des personnages somme toute assez banals, Fargo est un film épatant. Peut-être faut-il le déconseiller aux âmes sensibles, mais j'oserai dire que c'est l'un des meilleurs polars que j'ai eu l'occasion de voir. Comme un écho, il a aussi réveillé mon envie de visionner tous les autres films des célèbres frangins...

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