Il y a sans doute mille et une façons de filmer la guerre. Le conflit dont il sera question détermine certainement pour partie la forme qui sera choisie. Chaque réalisateur aura évidemment sa vision propre, son inspiration bien à lui. J'ai déjà vu bon nombre de films de guerre et je me rends finalement compte qu'ils se ressemblent rarement. C'est peut-être sur ce constat, que je n'avais pas encore formulé expressément, que j'ai tenu à voir Full metal jacket, le film sur la guerre du Vietnam de Stanley Kubrick. Une oeuvre qui s'avère relativement récente, puisqu'elle date de 1987.
La question que je me suis posée après coup, et que je soumets donc à ceux d'entre vous qui auraient également vu le film, c'est: s'agit-il véritablement d'un film de guerre ? Personnellement, je n'en suis pas sûr du tout. La construction du récit est originale: avant de monter en première ligne, la caméra s'attarde - c'est le mot - sur l'activité d'un camp de marines américains. Des bleus qui n'ont encore jamais vu le feu et qui sont formés au combat, sous la férule d'un sergent instructeur aussi vulgaire que vicieux. Les trois premiers quarts d'heure du film, soit une petite moitié du long métrage au total.
Ce n'est qu'ensuite que Kubrick s'intéresse au front... sans montrer de soldats vietnamiens ! Le maître américain s'attache à suivre les "héros" dont il relatait les pérégrinations au départ, et surtout celles d'un jeune idéaliste, comme pour dénoncer les contradictions d'une armée américaine en pleine déroute. Le procédé peut surprendre, sans forcément convaincre. Pour ma part, je n'ai pas totalement adhéré. Cela dit, comme toujours, j'ai tout lieu de croire que c'est une question de goût. Chacun jugera selon ses références. Je ne vais pas tout vous raconter, mais il est bien évident qu'il y a également de bonnes choses dans Full metal jacket, à commencer par une absence totale de bons sentiments.
J'ai bien ris en le regardant !!!
RépondreSupprimerL'approche de la guerre selon Kubrick vire à l'abstraction. Si le film s'adosse au conflit vietnamien, il n'est en effet qu'un prétexte pour poursuivre son grand œuvre sur la comédie humaine (on rit en effet, comme le souligne le commentateur précédent), divine comédie qui prend ici des allures dantesques. Malgré ses aspects déceptifs, il demeure pour moi un monument in contournable du genre.
RépondreSupprimer@Princécranoir:
RépondreSupprimerWoauh ! Presque huit ans que j'ai écrit cette chronique et tu es venu la chercher au fin fond des archives ! Merci pour ça ! Pour ce qui est de l'humour du film, je suis relativement d'accord quant à la première partie. La seconde, sur le terrain de guerre, me laisse une forte impression de violence. Logique, non ? Il faudrait que je le revoie. Il faudrait aussi que j'aille lire ta propre chronique...
Mes amitiés à Seb, au passage.
Pour tenter de répondre à votre question, je dirais que, plus qu'un film de guerre, c'est un film sur les soldats. Kubrick s'intéresse surtout au processus de déshumanisation opéré par le conditionnement de la "machine" militaire, lors de la formation des Marines dans le camp américain et lors des combats sur le sol vietnamien. La mise en scène est remarquable. La voix off du personnage nommé Joker compte beaucoup, dans la mesure où s'y exprime un sujet dans un univers où s'agitent des êtres mécaniques.
RépondreSupprimerEncore six ans de plus pour cette chronique ! Cela me fait toujours plaisir quand on déterre l'une de mes archives.
RépondreSupprimerMerci pour cela, Valfabert, et merci aussi pour ce regard sur le film. Je ne doute pas de sa pertinence, mais il me faudrait le revoir pour prolonger le débat avec vous.