jeudi 10 juillet 2008

Crimes en famille

Louis Mazzini n'a pas de chance. Pire, il est victime d'une injustice flagrante. Son ascendance maternelle aurait dû faire de lui l'héritier des d'Ascoyne, illustres représentants de la noblesse anglaise. Encore eut-il fallu que sa mère, placée immédiatement avant lui sur la liste successorale, ne fraye pas avec un roturier, italien et chanteur d'opéra. Ejecté de sa cousinade sans autre forme de procès, Louis nourrit donc - et presque logiquement - de sombres désirs de revanche. Et, sous le coup de la colère et du chagrin consécutifs à la mort de sa pauvre maman, voit même naître en lui des envies de meurtre. "Et s'il me suffisait d'assassiner les autres prétendants pour devenir le nouveau duc de Chalfont ?", se demande-t-il en lui-même. Un chagrin d'amour plus tard, l'heure est venue de passer à l'action.
Présenté ainsi, vous pourriez penser que Noblesse oblige, film anglais daté de 1949, est un film policier teinté d'un sombre suspense. Il n'en est rien ! Assez facile d'accès malgré son âge avancé, ce long métrage des studios Ealing - auteurs également de Tueurs de dames, chroniqué sur ce blog le 15 juin - est plutôt une comédie, d'un humour froid et assez cynique, il est vrai. Tout commence en fait dans une prison, à la veille de l'exécution de Louis. Forcément, on comprend donc aussitôt qu'il a bien mis son machiavélique projet à exécution et, tout aussi rapidement, qu'il est bel et bien devenu duc de Chalfont. Le bourreau lui-même lui donne volontiers du "Votre Grâce". Avant de faire son office ? Non ! N'insistez pas: ça, je ne vous le dirai pas !

Et ça, vous ne l'apprendrez qu'à la fin du film, quelques minutes avant un ultime (et brillant) rebondissement ! Ce que je peux et veux vous dire, c'est que j'ai beaucoup aimé Noblesse oblige. L'intrigue est quasi-parfaite et le jeu des acteurs vraiment aux petits oignons. Dennis Price donne le ton dans le rôle principal. Je signalerai également la caractéristique la plus insolite du film: le jeu époustouflant d'Alec Guiness. Décidément, l'homme me surprend de plus en plus, à mesure que je remonte dans le passé de sa filmographie. Cette fois, sir Alec joue plus qu'un rôle: plus ou moins développés, il en joue huit ! Tous les d'Ascoyne au grand complet ! Une drôlerie qui bonifie encore une oeuvre franchement savoureuse.

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