samedi 22 septembre 2012

Seule dans la ville

Avec Woody Allen, je me rapproche doucement de mon objectif. Parce que le New-Yorkais fait du cinéma depuis 1966, il m'a paru essentiel de ne pas me contenter de ses films récents. L'envie d'appréhender son travail plus ancien me titille depuis un moment. C'est dans cette logique que j'ai vu Alice il y a quelques jours. Possible que le titre vous dise quelque chose ou que l'affiche trouve un écho dans un recoin de votre mémoire: dans une allure qui peut rappeler celle d'Audrey Hepburn, on y voit la tête de Mia Farrow, boucles d'oreille et chapeau rouge, regarder de côté. Symbolique...

Encore l'une de ces grandes bourgeoises en qui Woody Allen puise d'infinies idées de cinéma. Avec Alice, le cinéaste livre une comédie douce-amère. Femme mariée depuis bientôt seize ans, son héroïne s'ennuie terriblement à Manhattan. Sa bonne (?) éducation catholique la retient de tromper son mari mais, en réalité, ce n'est pas l'envie qui manque. Madame Tate a des idées coquines, mais n'ose pas passer à l'acte. Se croyant malade et souffrant du dos, elle multiplie les séances médicales, sans résultat jusqu'alors. D'emblée convaincue qu'il n'aura aucune solution à ses problèmes, elle finit tout de même par consulter le médecin chinois conseillé par une de ses rares amies et se voit prescrire toutes sortes d'herbes aux effets ravageurs. Silence désormais: à vous de découvrir comment Woody Allen fait évoluer cette histoire. Une précision: il n'apparaît pas dans le film. C'est peut-être parce qu'il s'est créé un double féminin. Je ne sais pas s'il le ressent ainsi, mais ça ne me semble pas absurde de le penser.

Concentré sur son travail derrière la caméra, il signe ici une oeuvre sensible, encore embellie par une petite dose de fantastique. L'amour est presque toujours difficile, chez Woody Allen. Il est ici assez triste, malgré quelques belles séquences lumineuses. L'auteur qui s'intéresse à ces thématiques doit évidemment pouvoir compter sur des comédiens au sommet de leur art pour rendre crédible pareille histoire. Sans peur de me tromper, je dirais donc qu'Alice est d'abord le film de Mia Farrow. L'actrice est ici filmée par l'homme qui l'aime, c'est vrai. Il n'empêche qu'elle est remarquable d'expressivité sur toute la palette des sentiments. Tout tourne autour d'elle, de son questionnement existentiel, de ses petites joies et de ses grands renoncements. Du côté des hommes, William Hurt, Joe Mantegna et un stupéfiant Alec Baldwin complètent le boulot. Parce que certaines scènes sont vraiment drôles, j'ai beaucoup aimé le yo-yo émotionnel auquel ce film nous convie. Et j'en redemande !

Alice
Film américain de Woody Allen (1990)
Une solitude affective dans la grande ville qui éveille des amours compliquées: je citais Audrey Hepburn pour commencer et on peut penser à Diamants sur canapé en voyant ce long-métrage. J'ai pris Alice Tate en affection comme je l'avais fait pour Holly Golightly. Notons toutefois qu'au final, leurs destinées divergent nettement. Pour l'heure, parmi les Woody Allen que j'ai déjà découverts, je place Alice parmi les meilleurs, au niveau de Tout le monde dit I love you ou juste devant. Il me faudra une émotion costaude pour le déloger. Détail: le film fait quelques clins d'oeil... à Certains l'aiment chaud.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire