dimanche 10 juin 2012

Au coeur des femmes

Une chronique de Martin

Je vous ai parlé mercredi d'un film de Pedro Almodóvar. Pour finir cette semaine, en voici un autre: Volver. Le tout premier souvenir que j'ai attaché à ce long-métrage, c'est une expression spontanée de mon père: "Ça, c'est du cinéma !". Il était allé découvrir l'oeuvre en salles, ce qui n'a pas été pas mon cas. C'est une fois encore à Arte que je dois l'opportunité de l'avoir vue à mon tour. J'ajoute qu'effectivement, ça, c'est du cinéma ! Et même du bon, mes amis !
 Pedro Almodóvar y retrouve Penelope Cruz. Elle que je présente volontiers comme la plus jeune des égéries du réalisateur joue ici, contre toute attente, une mère. Mal dans son couple, Raimunda doit apprendre à élever seule sa fille adolescente, depuis que l'intéressée a poignardé son père adoptif, qui menaçait de la violer ! Le film démarre presque là-dessus, en fait sur un très beau plan-séquence autour d'un groupe de femmes nettoyant les tombes d'un cimetière. Le ton général est donné: Volver n'est assurément pas une comédie. D'ailleurs, au départ, on ne sait pas très bien où il nous emmène... Le genre du long-métrage est à vrai dire difficile à définir exactement. Très ponctuellement, le scénario prête à sourire. L'avalanche de catastrophes qui accable d'emblée la pauvre Raimunda paraît juste incroyable ! Une tante qui décède brutalement, un mari assassiné enfermé dans le congélateur, une soeur qui croit communiquer avec l'esprit d'une mère défunte depuis quatre ans déjà, une fille terrorisée... ça fait beaucoup pour une seule femme. Du coup, et c'est bien ce qui est formidable avec Volver, le scénario va placer les autres personnages à égalité. L'histoire qui est racontée n'est pas celle d'une femme, mais celle de plusieurs femmes. Cannes ne s'y est pas trompée cette fois: le Festival a eu la bonne idée d'octroyer un Prix d'interprétation collectif à toutes les comédiennes de la distribution. Sans avoir peur de me tromper, je dirais volontiers que Pedro Almodóvar les aime toutes. Oui, ça se sent !
 Au-delà de l'implication de Penelope Cruz, le film mérite également des bravos pour les belles prestations de Lola Duenas, Blanca Portillo et Yohanna Cobo. J'adresse pour ma part des compliments particuliers à Carmen Maura. Souvenez-vous: un peu honteusement cet hiver, j'avais admis ne pas connaître cette comédienne espagnole, saluée d'un César. Elle m'a ici véritablement subjugué dans un rôle de femme-fantôme... que je préfère vous laisser découvrir. En l'absence de tout homme, Volver a presque des allures d'oeuvre fantastique. Son petit monde reste pourtant très rationnel et ouvert à toutes les âmes qui voudront bien y entrer. L'opportunité mérite d'être saisie: l'air de rien, un aréopage de brillantes actrices nous parle ici de l'amour, du temps qui passe, du chagrin, du pardon, en un mot de la mort et de la vie. C'est un beau chemin. Je l'ai parcouru emporté par l'émotion, jusqu'au merveilleux générique final.

Volver
Film espagnol de Pedro Almodóvar (2009)
Il me restera désormais à parler de Tout sur ma mère, un autre film du même réalisateur que je prévois de voir prochainement. Je suis presque convaincu déjà que le cinéma de l'Espagnol ne ressemble finalement qu'à lui-même, ce qui me donne envie de m'y replonger rapidement. Patience, chers lecteurs: je n'ai pas aujourd'hui de film comparable à vous proposer. Laissez-moi le temps d'y repenser...  
 
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Impatients ? J'ai une proposition à vous faire...
Vous pouvez de nouveau vous rendre sur deux des blogs dont je parle souvent ici: vous constaterez ainsi qu'Elle et Lui, les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran", sont un peu moins enthousiastes que moi. Pascale, elle, l'est bien davantage, comme vous pourrez le remarquer grâce à sa chronique publiée sur son site "Sur la route du cinéma".

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