Propos recueillis par Martin
Une chronique un peu spéciale, aujourd'hui: après vous avoir présenté Adieu ma concubine, je crois intéressant de publier aussi une (courte) interview de Chen Kaige. C'est dans le cadre professionnel que j'ai eu l'opportunité de la réaliser. Quand je l'ai interrogé, en octobre 2009, le réalisateur assurait la mise en scène d'un opéra, le célèbre Turandot de Giacomo Puccini. C'est avant tout là-dessus que nous avions échangé, mais je n'avais pas résisté longtemps au plaisir de lui parler aussi de cinéma. Je n'ai ici revu que l'ordre des questions, par souci de cohérence: voici le résultat...
Adieu ma concubine vous a valu la Palme d'or. Quel impact pareille récompense a-t-elle sur une carrière ?
L'obtenir peut vous rendre fou, vous laisser croire que vous l'aurez encore l'année suivante et vous conduire dans une mauvaise direction. Le cinéma est cruel. Même si vous l'aimez, si vous choisissez la voie du succès ou de l'argent, il ne vous le rend pas.
Comment le cinéaste que vous êtes s'est-il intéressé à Turandot ?
Grâce au bon contact que j'ai eu avec ceux grâce à qui j'ai monté le spectacle. D'autres compagnies me l'avaient proposé préalablement, mais j'avais dit à plusieurs reprises que je ne voulais rien faire sur scène. Quand j'ai fini par accepter, j'ai introduit beaucoup d'éléments chinois dans Turandot. La première, à Valence, en Espagne, a été un grand succès: standing ovation pendant vingt bonnes minutes ! Même la reine Sofia était là: c'était un événement fantastique. J'ai finalement apprécié de suivre le processus créatif de l'opéra.
Adieu ma concubine est une fiction sur l'opéra de Pékin. Un film et un opéra, c'est très différent ?
Pour le réalisateur, c'est presque la même chose, bien que les formes d'art différent assez. L'essentiel reste que l'aspect artistique fonctionne. En réalisant Turandot, j'avais l'impression de tourner un film. Et quand je tourne un film, je pense qu'il y a un sens très fort à donner à la dramaturgie, à l'histoire, aux lieux. Cependant, le vocabulaire est bien sûr très différent sur scène ou au cinéma. À l'avenir, je ne pense pas me concentrer sur la scène, que j'ai un peu abordée par hasard. Je vais reprendre mon travail habituel. J'ai un film en préparation.
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Petite incise personnelle: rien n'est encore sorti en France, mais j'ai entendu parler d'un Sacrifice - L'orphelin de Zhao, film historique adapté d'un classique de la littérature chinoise, en son temps traduit par... Voltaire. J'espère qu'il parviendra jusqu'à nous. Allo, Cannes ?
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Quand avez-vous découvert Puccini ?
Quand j'étais jeune garçon. Mon père était lui aussi réalisateur de films. Enfant, j'ai pu suivre plusieurs spectacles de musique classique. J'aime d'autres compositeurs, Mozart ou d'autres encore, et pas seulement pour l'opéra. En entendant Turandot pour la première fois, j'en suis aussitôt tombé amoureux.
Vous parlez l'italien ?
Non. J'aimerais l'apprendre, car c'est une langue sensuelle. Je voudrais aussi apprendre le français. Malheureusement, je n'en ai pas le temps...
Qu'est-ce qui a été difficile pour vous, au moment de monter un opéra ? La langue, justement ? La musique ? L'obligation de travailler avec beaucoup de monde ?
Non. Mes partenaires ont été très coopératifs. Ils savaient que je n'étais pas metteur en scène d'opéra. J'avais deux assistants réalisateurs. Je pouvais décider de tout, mouvements ou lumières, et dire exactement ce que je voulais. On voyait ensuite si le résultat convenait ou pas. J'ai vu plusieurs versions de Turandot et j'aime ce à quoi nous sommes parvenus. Toute l'équipe a été super. J'étais notamment très ému après le tremblement de terre survenu en Chine. On m'a soutenu. Chacun a donné le meilleur de lui-même.
Zhang Yimou, un autre cinéaste chinois, a réalisé sa propre version de Turandot, à Pékin et dans l'enceinte de la Cité interdite. Vous aimeriez faire de même ?
Je ne cherche jamais vraiment les opportunités, en fait. Ce sont elles qui me trouvent ou pas. La vie, pour moi, c'est comme marcher dans une rue: un jour, quelqu'un vient à vous et c'est là que tout commence.
Avez-vous d'autres rêves artistiques ?
Il est difficile pour un réalisateur d'Orient de conquérir le public occidental. J'aimerais réaliser un film qui, sans forcément obtenir un succès retentissant, toucherait tout le monde, tant à Monte-Carlo (lieu de représentation de Turandot, peu de temps après l'interview) qu'en France ou en Chine. C'est la seule chose à laquelle je rêve.
Adieu ma concubine vous a valu la Palme d'or. Quel impact pareille récompense a-t-elle sur une carrière ?
L'obtenir peut vous rendre fou, vous laisser croire que vous l'aurez encore l'année suivante et vous conduire dans une mauvaise direction. Le cinéma est cruel. Même si vous l'aimez, si vous choisissez la voie du succès ou de l'argent, il ne vous le rend pas.
Comment le cinéaste que vous êtes s'est-il intéressé à Turandot ?
Grâce au bon contact que j'ai eu avec ceux grâce à qui j'ai monté le spectacle. D'autres compagnies me l'avaient proposé préalablement, mais j'avais dit à plusieurs reprises que je ne voulais rien faire sur scène. Quand j'ai fini par accepter, j'ai introduit beaucoup d'éléments chinois dans Turandot. La première, à Valence, en Espagne, a été un grand succès: standing ovation pendant vingt bonnes minutes ! Même la reine Sofia était là: c'était un événement fantastique. J'ai finalement apprécié de suivre le processus créatif de l'opéra.
Adieu ma concubine est une fiction sur l'opéra de Pékin. Un film et un opéra, c'est très différent ?
Pour le réalisateur, c'est presque la même chose, bien que les formes d'art différent assez. L'essentiel reste que l'aspect artistique fonctionne. En réalisant Turandot, j'avais l'impression de tourner un film. Et quand je tourne un film, je pense qu'il y a un sens très fort à donner à la dramaturgie, à l'histoire, aux lieux. Cependant, le vocabulaire est bien sûr très différent sur scène ou au cinéma. À l'avenir, je ne pense pas me concentrer sur la scène, que j'ai un peu abordée par hasard. Je vais reprendre mon travail habituel. J'ai un film en préparation.
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Petite incise personnelle: rien n'est encore sorti en France, mais j'ai entendu parler d'un Sacrifice - L'orphelin de Zhao, film historique adapté d'un classique de la littérature chinoise, en son temps traduit par... Voltaire. J'espère qu'il parviendra jusqu'à nous. Allo, Cannes ?
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Quand avez-vous découvert Puccini ?
Quand j'étais jeune garçon. Mon père était lui aussi réalisateur de films. Enfant, j'ai pu suivre plusieurs spectacles de musique classique. J'aime d'autres compositeurs, Mozart ou d'autres encore, et pas seulement pour l'opéra. En entendant Turandot pour la première fois, j'en suis aussitôt tombé amoureux.
Vous parlez l'italien ?
Non. J'aimerais l'apprendre, car c'est une langue sensuelle. Je voudrais aussi apprendre le français. Malheureusement, je n'en ai pas le temps...
Qu'est-ce qui a été difficile pour vous, au moment de monter un opéra ? La langue, justement ? La musique ? L'obligation de travailler avec beaucoup de monde ?
Non. Mes partenaires ont été très coopératifs. Ils savaient que je n'étais pas metteur en scène d'opéra. J'avais deux assistants réalisateurs. Je pouvais décider de tout, mouvements ou lumières, et dire exactement ce que je voulais. On voyait ensuite si le résultat convenait ou pas. J'ai vu plusieurs versions de Turandot et j'aime ce à quoi nous sommes parvenus. Toute l'équipe a été super. J'étais notamment très ému après le tremblement de terre survenu en Chine. On m'a soutenu. Chacun a donné le meilleur de lui-même.
Zhang Yimou, un autre cinéaste chinois, a réalisé sa propre version de Turandot, à Pékin et dans l'enceinte de la Cité interdite. Vous aimeriez faire de même ?
Je ne cherche jamais vraiment les opportunités, en fait. Ce sont elles qui me trouvent ou pas. La vie, pour moi, c'est comme marcher dans une rue: un jour, quelqu'un vient à vous et c'est là que tout commence.
Avez-vous d'autres rêves artistiques ?
Il est difficile pour un réalisateur d'Orient de conquérir le public occidental. J'aimerais réaliser un film qui, sans forcément obtenir un succès retentissant, toucherait tout le monde, tant à Monte-Carlo (lieu de représentation de Turandot, peu de temps après l'interview) qu'en France ou en Chine. C'est la seule chose à laquelle je rêve.
Wouah, tu as interviewé Chen Kaige !!!! Classe !
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