Une chronique de Martin
Ce soir-là, il n'était pas spécialement prévu que je regarde la télé. Invité chez mon ami Philippe, j'ai découvert une chaîne dont j'avais déjà entendu parler en bien: TCM. On y diffusait L'impasse, film signé Brian de Palma, avec Al Pacino et Sean Penn dans les rôles principaux. Devant telle opportunité, je ne résiste pas longtemps...
J'aime bien le titre original du film, Carlito's way. Son double sens résume parfaitement l'esprit du scénario. Le chemin de Carlito, c'est celui de ce criminel sorti de prison grâce au vice de procédure soulevé par son avocat, un chemin vers une inattendue rédemption. L'ancien tueur et trafiquant a compris des choses sous les verrous, notamment que la vie peut être courte pour les truands. Il essaye donc de changer, à la manière de Carlito, renoue avec le monde comme avec ses anciens complices et son ex-petite amie, danseuse. Porté par l'espoir qu'il est possible d'effacer les erreurs d'un passé encore proche, le mauvais sujet repenti comprend finalement vite combien le destin est implacable: à part sa compagne, justement, personne ne prend au sérieux son idée de se ranger. Et, pour gagner l'argent dont il a besoin pour tourner la page, il n'a finalement guère d'autre choix que de prendre le risque de replonger du mauvais côté.
Après avoir tourné Scarface avec... Al Pacino, Brian de Palma aurait d'abord refusé de réaliser un autre film de gangsters latino - Carlito est portoricain. On dit aussi qu'il a changé d'avis après avoir finalement lu le scénario. Bonne idée. J'ai du mal à comprendre pourquoi L'impasse a été petitement accueilli à sa sortie en salles. Sur le plan formel, le film est très réussi, prenant le temps de poser une ambiance et de développer une galerie de personnages, à la fois crédibles et convaincants. À ce titre, Al Pacino n'est évidemment pas le dernier à éclairer ce film noir et je donnerais une mention spéciale à Sean Penn: même avec son nom au générique, j'ai mis un moment avant de le reconnaître sous les traits de l'avocat véreux. La femme, c'est Penelope Ann Miller, une inconnue pour moi, venue renforcer l'équipe, recommandée par Pacino: pas de doute, ce cher Al sait s'entourer. Le reste du casting apporte une puissance graphique indéniable, que vient encore sublimer la caméra de Brian de Palma. Un vrai régal pour les yeux, classique, sobre et efficace.
Sans être révolutionnaire, l'histoire ici racontée a le mérite d'offrir une bonne dose de suspense aux amateurs du genre. Le titre choisi pour ma chronique dit tout: les toutes premières scènes laissent bien peu de doute sur ce qui se présente au bout du chemin de Carlito. Celui du film en français était d'ailleurs déjà, à lui seul, un aveu. Reste que L'impasse tient en haleine: l'intrigue principale connaît réellement de nombreux rebondissements, pas imprévisibles, logiques, mais porteurs de sens. Petite fresque, le long-métrage dure un peu plus de deux heures et j'ai apprécié qu'il sache ainsi prendre son temps, sans pour autant tomber dans l'ennui et/ou la torpeur. Vraiment, il y a ce qui ressemble à une fuite en avant, une montée en puissance d'une force obscure et irrépressible qui pourrait finir par tout broyer sur son chemin. Plus qu'un simple pensum de plus consacré aux gangs de New York, Brian de Palma signe une oeuvre chiadée sur la difficulté d'un homme à passer un cap, à changer significativement, sans pour autant se renier. Le propos convainc d'autant plus nettement qu'il est porté par d'excellents comédiens.
Film américain de Brian de Palma (1993)
C'est surpris que je constate avec vous que ce 466ème film chroniqué sur Mille et une bobines est aussi le premier Brian de Palma. Il serait temps que je découvre la filmographie de ce grand nom du cinéma made in USA. À ce jour, je crois que seul Les incorruptibles figure déjà dans ma liste de films vus ! Avec Scarface qu'il me faut encore voir, il peut plaire aussi à ceux qui aiment les gangsters à l'écran. Vous conseiller plus avant m'est difficile: je ne suis pas un spécialiste du genre. Public enemies ? Les sentiers de la perdition ? J'ai su également les apprécier, tout comme True romance, une proposition plus déjantée. J'attends d'appréhender Il était une fois en Amérique et Le parrain, dans l'idée de passer rapidement au cran supérieur.
C'est vraiment un des plus beaux films de De Palma, nettement supérieur à Scarface.
RépondreSupprimerSur ce film en effet admirable, magnifié par la poignante musique de Patrick Doyle, et parmi les plus mélancoliques de son auteur, l'un de nos "cinéastes de chevet", je vous renvoie - et vous invite à rejoindre - vers la communauté G+ dédiée à Brian De Palma, sous l'égide de votre serviteur : https://plus.google.com/u/0/communities/105428171484401408969
RépondreSupprimer@Jean-Pascal:
RépondreSupprimerJe vais jeter un oeil à cette page rapidement (merci du tuyau !). Si vous me voyez traîner, n'hésitez pas à m'en reparler quand DePalma réapparaîtra sur ces pages...
Votre article, cher Martin, figure désormais sur Hi, Brian !
RépondreSupprimerMerci, Jean-Pascal. Je dois dire que j'ignore tout à fait la date à laquelle je reparlerai de DePalma.
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