Une chronique de Moko-B
Il y a longtemps que je n'avais point voyagé dans l'héroico-onirisme chinois. Les combats aux gestes soyeux, nimbés de tintements métalliques et de discipline corporelle, me manquaient. Comme un présage, j'y pensais il y a peu encore. Et, hasard du calendrier cinématographique 2011 faisant, Tsui Hark a répondu à mon souhait avec Détective Dee: le mystère de la flamme fantôme.
Je ne suis point une habituée du cinéma de monsieur Hark. Mais voir Andy Lau et Tony Leung Ka Faï au générique m'a d'emblée mise en confiance. Puis j'ai ouï dire que le film était un digne successeur de Tigre et dragon, film de Ang Lee qui avait posé la première pierre d'une ère prospère des films d'épées enroulées de soie chinoise. Est-ce vrai ? Bien ! Penchons-nous sur l'histoire de Détective Dee: le mystère de la flamme fantôme. La narration a pour cadre la Chine de l'an 690. L'actuelle régente et future première impératrice de toute l'histoire du pays, Wu Ze Tian, s'apprête à monter sur le trône.
Cet évènement est bien évidemment générateur de complots et dissidences. Ainsi, le clou de cette intronisation que doit être l'achèvement d'une gigantesque statue en bronze de l'impératrice, est-il menacé. En effet, diverses morts mystérieuses interviennent sur le chantier et perturbent l'organisation des cérémonies. Afin d'éviter que son couronnement ne soit mis en péril, la future impératrice prend alors la décision de faire sortir de prison le détective Dee, arrêté 8 ans plus tôt pour s'être rebellé contre elle. Aidé de la suave Wan'er et de l'impétueux Donglai, Dee va mener son enquête et débusquer celui qui se cache derrière ces crimes.
Le film obéit ensuite aux "codes" du genre : combats à l'épée, personnages belliqueux et impulsifs côtoyant d'autres plus sages et réfléchis, drapés flottants et soyeux, épées tranchantes et poses étudiées. Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme répond aux attentes du spectateur aguerri de cette branche du cinéma asiatique. Andy Lau dans le rôle du détective Dee est fidèle à lui-même : juste, maîtrisant sa copie par coeur. Tsui Hark s'est offert les services de Sammo Hung (le Flic de Shangaï) et cela donne de très convaincantes chorégraphies de combats, notamment à l'intérieur de la statue de l'impératrice. Pourtant, cela n'arrive pas à enlever la regrettable impression qu'il manque "quelque chose" pour que le film soit....complet.
Détective Dee: le mystère de la flamme fantôme
Film chinois de Tsui Hark (2011)
Le cinéma asiatique, et plus particulièrement les cinéma chinois et japonais, nous offrent régulièrement de beaux spécimens de contes héroïques sublimés. Zhang Yimou (Hero, Le secret des poignards volants) en est un maître incontesté, mais d'autres sont passés par là : Ang Lee (Tigre et dragon), Ronny Yu (Le maître d'armes), Takeshi Kitano (Zatoïchi), entre autres. Aujourd'hu,i Tsui Hark marque de son empreinte cette longue liste avec Détective Dee: le mystère de la flamme fantôme. Mais bien qu'empreint de magie chinoise et de chorégraphies de combats sublimes, le film ne réussit pas à nous emporter aussi loin qu'il y paraît. Est-ce l'intrigue trop peu "noueusement" emmêlée pour un film du genre ? Est-ce l'enchaînement à la cohérence parfois douteuse de certaines scènes ? Il est vrai qu'on sort avec une impression mitigée. Les acteurs sont impeccables, la photographie très belle et les musiques naturellement faites pour l'ambiance de chaque scène. Mais on sent que quelque chose "cloche". Tsui Hark s'est inspiré de l'histoire d'un détective qui a vécu en Chine sous la dynastie Tang. A-t-il trop versé dans la platitude de la réalité, au détriment de plus d'onirisme et de philosophie chinoise ? Détective Dee est un beau moment de cinéma... sans plus.
Pour un autre regard sur le même film:
Vous pouvez également lire la chronique de Martin publiée ici.
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