mercredi 4 juin 2025

Deux visages de Laure

Hé ! Cela fera bientôt 25 ans que Laure Calamy trimballe son humeur pétillante sur les planches des théâtres et les écrans des cinémas. Sauf erreur, je l'ai découverte grâce à la série télévisée Dix pour cent et, dans la foulée, Ava, le beau premier long-métrage de Léa Mysius. Et je l'ai revue en mai dans deux films retenus parmi ses plus récents.

Antoinette dans les Cévennes
Film français de Caroline Vignal (2020)
D'abord repérée pour ses rôles d'humour, Laure Calamy joue ici celui d'une instit follement amoureuse de l'un de ses collègues. Une passion réciproque, mais l'homme, marié, renonce à des vacances communes. Qu'à cela ne tienne: opiniâtre, Antoinette n'écoute que son coeur battant et se décide à partir quand même, sur la trace de son amant. Au programme: une semaine de rando avec un âne des plus têtus. Bon... est-ce que c'est rigolo, donc ? Oui, plutôt, mais pas seulement. Antoinette dans les Cévennes dessine, non sans adresse, le portrait sensible d'une femme bien déterminée à vivre la vie qu'elle a choisie. Cela peut passer par un alter ego masculin et/ou une (re)découverte de soi-même. Bilan: un César pour l'actrice principale - son premier. Autre point réjouissant: des chiffres de vente favorables à l'étranger !

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Et ailleurs...
À lire: d'autres avis chez Pascale, Dasola, Princécranoir, Strum et Lui.

Annie colère
Film français de Blandine Lenoir (2022)
Changement de registre et de ton pour Laure Calamy, convaincante dans le rôle d'une ouvrière décidée à avorter de son troisième enfant. Problème: dans cette France de février 1974, elle n'en a pas le droit. Aïe ! Contrairement à certaines, Annie n'a pas non plus une latitude financière suffisante pour envisager d'être opérée dans un autre pays. Elle fera donc appel à un médecin bénévole, qu'elle rencontrera vite grâce à des femmes engagées pour la libéralisation de l'interruption volontaire de grossesse (et de la contraception). Un groupe militant qu'elle finira par rejoindre, se révélant à elle-même comme capable d'un courage et de convictions fortes. Le résultat ? Un film important qui rappelle quelques-unes des valeurs essentielles de la République telle qu'elle peut fonctionner aujourd'hui. Chose appréciable: le récit n'est pas manichéen, même si je suppose qu'à l'époque, le combat pour l'égalité était sûrement plus difficile que le film ne le suggère. Personnellement, je ne reprocherai pas au film un excès d'idéalisme. C'est parfois ainsi qu'une juste cause saura au mieux être défendue...

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Et en complément...

Vous pouvez à nouveau trouver des chroniques signées Pascale et Lui.

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Et Laure Calamy, dans tout ça ?

L'actrice se sort très bien de ces deux prestations très contrastées. Elle a passé le cap de la cinquantaine et n'a pas fini de surprendre. L'idéal ? Qu'elle ne soit pas réduite à la vigueur de son talent comique. Elle "assure" dans Mademoiselle de Joncquières ou Seules les bêtes.

10 commentaires:

  1. Elle est incroyable Laure...
    Je me suis un peu lassée car dans ses derniers films j'ai l'impression qu'on "l'utilise" surtout pour pousser des gueulantes. Je continuerai à la suivre de toute façon.
    Dans Antoinette elle est exceptionnelle, drôle et touchante (César mérité) et le film Annie Colère m'avait bouleversée. Je la revois sur son vélo et lors de la scène de l'avortement où elle dit : si j'avais su j'aurais pas eu si peur (mais comment ne pas avoir peur... je ne sais si les hommes se rendent compte du traumatisme et de l'horreur de cette "intervention" !).

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    1. Pascale, c'est toi ? Je suis d'accord pour dire que Laure mérite des rôles sur une large gamme.

      Pour ce qui est de l'avortement, je ne sais pas non plus si les hommes peuvent se rendre compte.
      Je pense que oui, mais pas d'un point de vue "physique". Le reste me paraît compréhensible (et traumatisant).

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  2. Yes c'est moi.
    Ça recommence la période anonyme.

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    1. J'avoue que je ne sais toujours pas pourquoi cela se passe ainsi désormais.
      Puisqu'on est entre nous, une confidence : je chroniquerai un autre film avec Laure début juillet.

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  3. ”Antoinette..très bon film. A travers ces randonnées avec cet âne, elle va finalement se découvrir elle même. On voit aussi que cet âne que j’ai trouvé attachant,n’est pas qu’une bête de somme,ou une monture dans les tableaux bibliques.

    Chez Vesta ,les ânes sont toujours représentés avec des couronnes de fleurs.
    Et l’actrice est remarquable. Merci pour ce rappel.

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    1. Je vous en prie, Jourdan : c'est toujours un plaisir d'être lu et de lire des commentaires.
      Antoinette et Patrick (l'âne) étaient faits pour s'entendre : lui est aussi têtu qu'elle est opiniâtre.

      Question pas-si-subsidiaire : c'est bien à cette Vesta que vous faites référence ?
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Vesta

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  4. Oui c’est la Vesta de la mythologie romaine.
    J’ai bien envie de voir ce film de Robert Bresson”Au hasard Balthazar ”où il est question d’un âne qui sert un peu de révélateur aux situations pathétiques.

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    1. Malgré l'âne, c'est sans doute un film très différent. Tout comme "Shrek".
      Une autre piste à suivre vous (re)conduira peut-être vers le "EO" de Jerzy Skolimowski.

      Boutades mises à part, merci pour votre confirmation concernant Vesta !

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  5. J'avais bien aimé ce film aussi. Laure Calamy y est excellente !

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    1. Tu parles du premier, "Antoinette dans les Cévennes" ? Il a aussi ma préférence.
      J'aime beaucoup Laure Calamy, mais je l'ai préférée dans ce rôle légèrement déluré.

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