samedi 25 juin 2022

Le plus haut métier

Le film dont je veux vous parler aujourd'hui s'ouvre avec une image magnifique: une femme, de dos, chante face à une haute montagne. Bienvenue au Bhoutan, les ami(e)s ! Ce petit pays du sud de l'Asie s'est notamment fait connaître en popularisant le concept économique de "bonheur intérieur brut" - que le long-métrage évoque brièvement.

"Salle 1, au bout du couloir": j'ai souri quand la vendeuse du cinéma m'a tendu mon ticket. Cette bonne humeur ne m'a ensuite pas quitté pendant la projection: L'école du bout du monde est un film positif. Il conduit Ugyen, un jeune Bhoutanais peu intéressé par la perspective de servir son pays, à être envoyé comme instituteur dans un village lointain, dont on lui dit qu'il est le plus reculé, tous pays confondus. Autant dire que notre ami déchante, lui qui rêvait plutôt d'un exil australien pour réaliser enfin son rêve de devenir chanteur de rock ! J'imagine que vous pouvez deviner la suite. Et si j'ai souvent répété que les bons sentiments ne faisaient pas les bons films, je dois dire que cet opus m'aura plutôt fait passer un bon moment. Certains plans sont saisissants de beauté, évidemment. A fortiori sur grand écran...

En février dernier, L'école du bout du monde figurait dans la liste finale des cinq prétendants à l'Oscar du meilleur film international. Anecdote: retenu dès l'année précédente, il avait alors été disqualifié au motif que son pays ne disposait pas d'un réel comité de sélection. J'imagine qu'à défaut de statuette dorée, il aura gagné en notoriété. Juste avant d'écrire cette chronique, j'ai appris que plusieurs acteurs américains s'étaient mobilisés pour combattre les représentations multiples des armes à feu. Vous avez ici un véritable "film-antidote". Aucune violence: vous pouvez donc aller le voir avec vos enfants. Peut-être que le propos vous paraîtra naïf ou convenu, mais je crois qu'il peut aussi être source d'échanges intéressants avec les mômes français peu habitués à ce type d'environnement naturel (et filmique). J'ajoute que ceux du film sont amateurs et ont en réalité été choisis parmi les gosses des sommets ! Et voilà une occasion de nous élever !

L'école du bout du monde
Film bhoutanais de Pawo Choyning Dorji (2019)

Le dépaysement qu'offre cette histoire compense allégrement l'aspect assez banal d'un scénario gentil avec l'ensembe des protagonistes. Sachant que tout a été tourné dans un vrai village, la dimension ethnographique n'est pas à négliger et suscite de fait un intérêt accru pour ce récit - presque - saisi sur le vif. On est loin du Bhoutan aperçu dans Dakini. Ou bien, dans le cinéma français, de l'école de Primaire.

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Vous voulez rester dans les montagnes ?

OK. Vous noterez alors que Pascale, elle aussi, y est allée avec plaisir.

6 commentaires:

  1. Super. C’est tout à fait ce que vous rapportez dans votre chronique.
    C’est rafraîchissant comme film et les enfants qui ont une telle soif d’apprendre.Merci pour la chronique.
    Je me demande jusqu'à quand ce pays va résister aux sirenes de la consommation, les voitures commencent à l’envahir,les gens font des prêts bancaires.J’avais vu çà dans un reportage passé récemment sur Arte .
    Pour l’anecdote, certains dans la salle de cinéma allumaient leur portable constamment Ah!Ah!..Ils n’ont peut-être pas compris le message du film.

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  2. Ah... le fameux pays du "Bonheur national brut" !
    Je connais beaucoup plus le Tibet, mais je suis sûre que ce film m'enchanterait. ;)

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  3. Un moment de grâce, de douceur, de bonheur et d'émerveillement.
    J'ai trouvé le côté gentil tellement sincère et naturel que ça ne m'a paru faire partie des films aux bonnes intentions gâchés par de trop bons sentiments souvent niaiseux.
    Et cette petite fille !!! coeur coeur coeur.

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  4. @Jourdan:

    Un film rafraîchissant, en effet, et bienvenu dans ce monde tourmenté !
    Je ne sais pas si la vie est si idyllique au Bhoutan, mais ces montagnes sont belles à voir !

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  5. @Ideyvonne:

    Vu ton amour des images, ce film devrait aisément te permettre de trouver ton bonheur intérieur brut.

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  6. @Pascale:

    La petite fille est extra... et joue d'ailleurs sous son vrai nom.
    C'est vrai que c'est un film gentil, mais comme tu l'expliques bien, jamais gnangnan.

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