lundi 9 mai 2022

Des vies à défendre

Les noms de Dewayne Johnson ou d'Edwin Hardeman vous disent-ils quelque chose ? Ils font partie des rares citoyens américains parvenus à s'attaquer au groupe Monsanto, géant de l'industrie chimique accusé de produire un désherbant cancérogène. Une histoire assez similaire est racontée dans Goliath, un film français - sorti le 9 mars dernier...

Frédéric Tellier, coscénariste et réalisateur, est talentueux et malin. D'emblée, il indique que les situations et personnages qu'il va décrire sont fictifs, mais en ajoutant aussi que leur ressemblance avec le réel n'est "ni fortuite, ni involontaire". Je peux sûrement parler de cinéma militant face à ce long-métrage ambitieux. Il dit tout de l'importance que les lobbies peuvent avoir (ou ont ?) quand le pouvoir politique réfléchit à réglementer une activité quelconque. Vous aurez compris qu'il s'agit ici, très précisément, de l'usage de substances dangereuses dans le monde agricole, à seule fin d'obtenir des rendements élevés. Goliath multiplie les personnages et parvient à les faire interagir avec force. Quand ils se croisent, cela fait toujours des étincelles. Notez que le scénario, lui, s'avère parfaitement limpide tout du long !
 
À défaut de vous le montrer, je peux bien vous révéler que c'est l'idée de voir Pierre Niney dans le rôle du "méchant" qui m'a d'abord attiré. Aussi bon que d'habitude, le comédien livre une redoutable bataille cinématographique au "gentil" qu'incarne son pote Gilles Lellouche. Emmanuelle Bercot, prise entre les deux, se montre convaincante dans un rôle de femme révoltée qui sied bien à son tempérament d'actrice. Du point de vue du casting encore, le plaisir est indéniable grâce notamment à Marie Gillain, Laurent Stocker et Jacques Perrin. Attention: je ne prétends pas que Goliath soit dépourvu de défauts. L'esprit frondeur qui l'anime évolue sur une ligne de crête: sans céder à la caricature, il ne parvient pas totalement à se détacher des partis pris. Autre bémol: quelques scènes jouent un peu trop sur nos cordes sensibles. Fort heureusement, rien de tout cela n'est rédhibitoire. Même un rebondissement très improbable n'a pas gâché mon plaisir...

Goliath
Film français de Frédéric Tellier (2022)

Un long-métrage partisan, certes, mais intelligent: deux heures utilisées à bon escient et sans temps mort véritable. Je crois avoir lu que certains parlaient d'une structure de scénario "à l'américaine". Bon... admettons. Sur le sujet écolo, vous pourrez certes comparer avec Promised land - ou revenir à Silent running, jugé précurseur. Dans un autre genre, voyez aussi le premier de Tellier: L'affaire SK1 !

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Et pour prolonger le débat...

Je vous invite également à lire les chroniques de Pascale et Dasola.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Le cinéma de Tellier est efficace.
On ne s'ennuie pas un instant et l'enjeu est désolant.
Pierre Niney est parfait, glaçant.
Et un bien beau dernier rôle pour Jacques Perrin.

Martin a dit…

Il faut que je rattrape "Sauver ou périr" du même Tellier avec le même Niney.
Pour ce qui est du grand Jacques, je suis tout triste depuis cette annonce. Un hommage bientôt...

Pascale a dit…

Oula Sauver et périr est moin d'être de ce niveau.

Pascale a dit…

Est LOIN...

Martin a dit…

@Pascale 1:

J'ai quand même envie de le voir. Pour Anaïs et Pierre. Et pour mon côté "collectionneur".

Martin a dit…

@Pascale 2:

Le lecteur avait rectifié de lui-même. Merci bien !

dasola a dit…

Bonjour Martin, merci pour le lien. Rétrospectivement, je retiens surtout la prestation de Pierre Niney. Un "méchant" avec une "belle gueule". Bonne soirée.

Martin a dit…

Hello Dasola.
Je le trouve vraiment excellent, cet acteur. Il ne fait pas toujours les meilleurs choix, mais il sait jouer beaucoup de choses très différentes les unes des autres, et toujours avec justesse.

On a l'impression qu'il s'amuse. Pour moi, c'est très agréable à voir !