lundi 10 janvier 2022

À contre-courant

C'est un fait: Les amants sacrifiés ne ressemble pas aux autres films que je connais de Kiyoshi Kurosawa. J'ai cru comprendre qu'une partie de ses fidèles reprochait même au cinéaste japonais ce pas de côté. Moi, au contraire: ce titre "à la Mizoguchi" a su éveiller ma curiosité. Et autant vous le dire tout de suite: je ne regrette pas d'y avoir cédé !

Tout commence à Kobe, grande ville portuaire du Japon, en 1940. L'occasion d'un rappel historique: si beaucoup citent encore l'attaque de Pearl Harbor (7 décembre 1941) comme le déclencheur de l'entrée en guerre des États-Unis, le pays gouverné par l'empereur Hirohito n'avait pas attendu jusqu'à cette date funeste pour s'étendre en Asie. Le film évoque ces intentions bellicistes de plus en plus marquées. Aujourd'hui, on dirait que le Japon se "radicalise", au grand désarroi de Satoko et Yusaku, un couple qui a presque adopté le mode de vie occidental - dans sa manière de s'habiller, par exemple. Leur histoire d'amour paraît solide, mais Monsieur doit passer plusieurs semaines en Mandchourie, au nord-est de la Chine, et en revient changé. Qu'est-il arrivé là-bas ? Le mystère du film repose sur cette question. Vous comprendrez donc que je n'en révèle pas davantage. Je précise que Les amants sacrifiés étonne en dévoilant son secret rapidement. Le véritable coeur de son sujet, c'est donc ce qui se passe ensuite. J'espère qu'à la mi-séance, le film n'aura pas fini de vous surprendre !

Je pourrais écrire de longues lignes sur la beauté de ce long-métrage que d'aucuns jugeront pour cela un peu trop classique ou académique. Techniquement, la prise de vue a été faite en 8K, une technologie censée garantir que les images seront d'une définition très élevée. Détail rigolo: j'ai trouvé des critiques pour affirmer que l'esthétique de ces plans dénaturait presque le scénario, jugé quant à lui proche de ceux des anciens mélodrames de la production made in Hollywood. Admettons et soulignons au passage la très bonne tenue de ce récit écrit à plusieurs, avec notamment le concours d'un autre cinéaste japonais dont la notoriété va toujours croissant: Ryusuke Hamaguchi. À mes yeux, cette collaboration est donc d'abord une vraie réussite. Bien sûr, on pourra toujours venir chinoiser (hum...) et me rétorquer que Les amants sacrifiés n'invente pas grand-chose du point de vue cinématographique. Chaque film est-il tenu à cette obligation ? Non. Et, même au Japon, vous en trouverez mille moins forts que celui-là ! Assez lent, j'admets que le rythme puisse dérouter les non-habitués...

Les amants sacrifiés
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa (2020)

L'ultime remarque de ma chronique pour justifier que ce long-métrage délicat n'ait pas récolté une demi-étoile supplémentaire: on est loin du cours d'histoire ou de l'hagiographie patriotique sur grand écran ! Après Les gardiennes, c'est mon deuxième film de guerre "différent" dans un temps rapproché. On peut bien sûr préférer Kiyoshi Kurosawa pour d'autres travaux. Et se fier alors à mon index des réalisateurs...

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Et pour aller plus loin encore...
On peut également s'intéresser à ce que Dasola aura pensé du film. Elle a été la toute première de mes "blog-ami(e)s" à l'avoir expliqué. Pascale l'a rejointe depuis, avec à peu près les mêmes réserves. Notez que Strum, en revanche, se montre plus proche de ma position.

4 commentaires:

  1. Opaque, obscur, mal raconté et interprété de façon approximative, ce film est d'une fadeur exceptionnelle. Désolée de m'autociter mais je ne peux "mieux" dire sur ce film dont ce qui m'a le plus gêné est, au-delà de l'ennui qu'il provoque : le manque de charisme des interprètes pas très bons acteurs en plus et l'impossibilité de s'y attacher ce qui pour moi est TRES gênant.

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  2. Opaque ? Obscur ? Mal raconté ??? Hé ben ! Le film est rhabillé pour l'hiver !
    Pour les protagonistes, je comprends mieux, même si je mis qu'au Japon, les sentiments s'expriment mezza voce.

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  3. Bonsoir Martin, comme Pascale, je ne suis pas attachée aux personnages. Leur destin nous indiffère quelque peu. Bonne soirée.

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  4. Hello et merci, Dasola. Encore une fois, je peux le comprendre, car le film conserve une certaine froideur.

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