mercredi 2 juin 2021

Elle... et lui

Comment définir la transidentité ? Je ne maîtrise pas assez le sujet pour essayer. Dans un arrêt de 1986, la Cour européenne des droits de l'homme, elle, a évoqué "les personnes qui, tout en appartenant physiquement à un sexe, ont le sentiment d'appartenir à un autre". Cela me paraît tout à fait le cas du personnage de Lola vers la mer...

Dans ce film sensible, la jeune héroïne a rompu avec ses attaches familiales, vit dans un foyer et a renoncé au prénom que ses parents avaient choisi pour elle à sa naissance: Lionel. Elle vit un drame d'autant plus intense qu'elle vient de perdre sa mère et que son père continue de la rejeter. Tout cela est vraiment lourd pour une ado toujours prise en étau entre son sexe biologique et son ressenti intime. Réfléchissons-y posément: les films qui traitent de ce sujet difficile sont... rares ? Moi, je n'en connais pas d'autre que celui-là. Lola vers la mer a bien quelques défauts, mais il a le grand mérite d'aborder une vraie question d'identité et, plus largement, de société. Pour cela, il a l'intelligence (et le courage) d'avoir choisi une actrice principale transgenre, Mya Bollaers, 25 ans aujourd'hui, remarquable dans sa toute première apparition à l'écran. Elle lui a valu un Magritte du meilleur espoir féminin dans son pays, la Belgique, l'année passée !

Face à elle, Benoît Magimel campe avec beaucoup de justesse un père largement dépassé par les événements. Je m'étais préparé à l'idée que le scénario défendrait le parti de la fille - de manière univoque. C'est à la fois vrai et plus complexe que cela: le duo désaccordé repose sur deux protagonistes fragiles, bien au-delà des caricatures supposées. Lola vers la mer les oppose, bien sûr, les rapproche aussi parfois, et montre avant tout qu'ils ont l'une et l'autre des raisons d'agir comme ils le font. Pas de manichéisme, pas de jugement. L'unique bémol à mon enthousiasme vient de toutes petites scories formelles ou "facilités", qu'il me semble à vrai dire inutile de détailler. Franchement, le film mérite mieux que son faible score au box-office français: à peine 26.362 tickets (malgré 66 copies en circulation). Jamais il ne sombre dans le racolage ou le voyeurisme, soyez-en sûrs. Il me paraît de ce fait digne d'être présenté à des adultes en devenir !

Lola vers la mer
Film franco-belge de Laurent Micheli (2019)

J'aurais pu écrire "belge" seulement: le réalisateur est belge, l'actrice également et l'action se déroule chez nos voisins. Le tout sans oublier que cet opus a été nommé pour le César... du meilleur film étranger ! Qu'importe au fond la nationalité: j'ai vu ici de très belles choses. Bon, on n'est pas dans les tourments adolescents d'un Mommy, hein ? Il n'y a pas une seule route, mais un chemin partagé. Jusqu'au bout...

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Peu de spectateurs, donc, mais une habituée...

Je veux bien sûr parler de notre amie Pascale, qui a plutôt bien aimé.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Est-ce que Girl et Tomboy ne parlaient pas de ce sujet.
J'avais beaucoup aimé le "couple" père/fille, comme tu dis fragiles.

Martin a dit…

Je n'ai vu ni "Tomboy", ni "Girl". Partie remise...