mercredi 29 juillet 2020

Une longue marche

Verdun, la Somme, le Chemin des Dames... qui s'intéresse à l'histoire de la Première Guerre mondiale connaît - au moins de nom - ces lieux de sinistre mémoire. Que le conflit se soit déroulé sur d'autres sites est une évidence que l'on aura tôt fait de négliger (et/ou d'oublier). Dans ce cadre, Mosquito peut tenir lieu de salutaire piqûre de rappel !

1917. Adolescent portugais, un dénommé Zacarias a rejoint les rangs de l'armée avec l'espoir un peu fou d'être envoyé sur un front français. Finalement, le bateau qui transporte sa compagnie fait plutôt route vers le Sud, à destination... de l'actuel Mozambique, alors colonie lusitanienne mise en danger par l'avancée des troupes allemandes. Malchance ultime: sitôt posé le pied sur le sol africain, le jeune soldat attrape le paludisme et ne voit donc pas son régiment partir sans lui ! Dès qu'il est sorti du coma, il s'embarque dans une longue traversée de la savane, avec deux guides africains pour seuls accompagnateurs. Retrouver ses camarades sera bien loin d'être une partie de plaisir. D'aucuns ont parlé de Mosquito comme d'une expérience sensorielle. Pour ma part, je dirais plutôt qu'il s'agit d'un film immersif: le son contribue largement à l'impression d'être soi-même dans l'aventure. Ajoutez-y de superbes images: ce n'est assurément pas tous les jours que le cinéma nous propose de faire un tel voyage en terre inconnue et potentiellement hostile. Sur écran de taille XXL, le plaisir est total !

Faut-il voir ce film comme un pamphlet contre la guerre ? Peut-être. Cela dit, ce n'est à l'évidence pas la seule idée qu'il entend partager. Avec un bon siècle de recul, le scénario tombe aussi à point nommé dans ce qu'il dit des relations que peuvent entretenir des hommes issus de cultures différentes. Et je ne parle pas ici des belligérants ! Parti loin de chez lui, "la guerre dans l'âme et la patrie dans le coeur" selon ses propres mots, Zacarias est un idéaliste... de son temps. Sans même s'en être rendu compte, il a intégré l'idée de la supériorité de l'homme blanc et s'apprête à reproduire des schémas vus et revus pour "prouver (sa) valeur". Les avertissements de quelques chefs bourrus - et revenus d'autres combats - ne lui seront d'aucune utilité. Son périple africain pourra-t-il alors s'apparenter à une odyssée initiatique ? Je vous laisserai en juger. La conclusion (assez ouverte) de Mosquito me laisse penser que, d'une certaine manière, le chemin parcouru par le "héros", dur, long et éprouvant, n'aura pas été vain. Même si je ne suis pas sûr que vous vous identifierez à lui, au final...

Mosquito
Film portugais de João Nuno Pinto (2019)

La Grande Guerre continue d'inspirer de (très) beaux films: ici, le ton général s'avère tout de même assez éloigné de celui de 1917, sorti dans nos salles en tout début d'année et désormais disponible en DVD. Vous préférez ouvrir d'autres fronts ? Je ne peux que vous conseiller de voir des films comme Gallipoli ou Capitaine Conan (entre autres). Éloigné du feu, L'odeur de la mandarine mérite, lui aussi, le détour !

6 commentaires:

  1. Et n'oublions pas le front italo-autrichien avec "Les Hommes contres" de Francesco Rosi tourné en 70....

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  2. Très juste ! Je ne connais pas ce film: merci, donc, pour cette référence.

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  3. Pas eu le "courage" d'embarquer à cause des critiques "sensorielles". J'ai eu tort tant pis. Pas le genre de film à voir en DVD sur petit écran.

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  4. Je peux comprendre et j'ai moi-même hésité. C'était un voyage étonnant !

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  5. Mince, je voulais le voir au ciné celui-ci et je ne l'ai même pas vu passer. Moi qui suis friand de films sur la Grande Guerre il faut absolument que je me rattrape en DVD. Merci pour ce rappel Martin.

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  6. Avec plaisir, très cher ! J'espère que tu auras l'occasion de le rattraper et de nous donner ton impression face à un écran... malheureusement plus petit.

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