lundi 2 mars 2020

La bête et l'idiot

La disparition récente de l'ex-Monty Python Terry Jones m'aura servi de déclic. Après quelques tergiversations, j'ai fini par regarder le film des débuts de réalisateur de son pote Terry Gilliam: Jabberwocky. Attention: ce n'est pas un film de la bande, même si les deux amis collaborent et même si l'admirable Michael Palin tient le rôle principal.

L'intrigue, elle, se passe au Moyen-Âge (en mode pacotille, bien sûr). Inspiré dit-on d'un poème éponyme signé Lewis Carroll, Jabberwocky raconte l'histoire d'un brave garçon un peu crétin, Dennis Cooper. Piètre tonnelier, il est chassé de chez lui par son père, un artisan qualifié dans cette spécialité, qui le déshérite juste avant de mourir ! Notre ami n'a dès lors que très peu de chances de séduire la femme qu'il aime: une nommée Griselda, qui, en fait, l'ignore superbement. Dennis part donc sur les routes de l'exil, sans imaginer que la créature féroce qui terrorise tout le voisinage pourrait infléchir son destin. Bon... autant le dire: tout cela n'est évidemment pas très sérieux. Amateurs du genre, vous passerez sans doute un assez bon moment. Les autres ? Suivez-les donc ! Mais en toute connaissance de cause...

Au royaume de Bruno le Contestable, les abrutis sont princes de sang. Est-ce drôle ? Pas toujours, mais il y a malgré tout une originalité indéniable - et une vraie patte artistique - dans cette douce folie. Jabberwocky est fait de bric et de broc, ainsi que d'une foi inébranlable en la capacité du cinéma à inventer des choses farfelues. C'est pourquoi, malgré ses défauts, le film m'est aussi sympathique. Les historiens disent que l'argent manquait tellement sur le tournage qu'il a très souvent fallu se contenter d'une prise. Certains des décors et une partie des costumes avaient déjà servi pour d'autres films ! Viré sur un différend artistique, le directeur de la photo Terry Bedford aurait même été rappelé en dernière minute pour boucler l'affaire. Bref, j'imagine que, désormais, vous savez où vous vous aventurez ! D'aucuns voient ce drôle de long-métrage comme un vrai classique. Une opinion que je ne partage pas, mais que je peux bien admettre...

Jabberwocky
Film britannique de Terry Gilliam (1977)

Ce n'est pas plus absurde que Chevalier (2001), où les damoiseaux joutaient sur la musique de Queen ! Dans l'esprit, le film est proche de Sacré Graal !, sorti sous la bannière Monty deux ans auparavant. Je n'ai pas ri aux éclats, mais je me suis bien amusé: c'est déjà ça. Terry Gilliam pose les bases de ce qui le conduira jusqu'à L'homme qui tua Don Quichotte. Il est évidemment permis de préférer Brazil !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Brazil est effectivement LE grand film de Terry (selon moi).

Pour ce film, sur lequel je ne me précipiterai pas, quelle énergie, quel besoin de cinéma pour le fabriquer avec si peu de moyens. J'admire. Ça a toujours été vital pour Terry.

Martin a dit…

"Brazil" est un très grand film, mais perso, je préfère "The fisher king". Bon, ce n'est pas comparable et c'est de ma faute si tu ne le connais encore...

Pas besoin de te précipiter pour voir "Jabberwocky", mais ça reste regardable à l'occasion. Le style Gilliam y est déjà bien présent, ce qui permet d'anticiper la suite de sa carrière.

Pascale a dit…

Ah oui Fisher king. Je l'ai vu et revu. Et je l'ai en DVD désormais malgré ta promesse de me l'envoyer...

Martin a dit…

Je vais ma coulpe. Ravi que tu aies aimé le film !