lundi 2 décembre 2019

Leur différence

En France, aujourd'hui, quelque 37.000 personnes autistes souffrent de ne pas être prises en charge et accompagnées pour leur trouble psychique. Parmi elles, beaucoup d'enfants ! S'il y a peu de chances que le seul cinéma modifie la donne, un film comme Hors normes favorisera peut-être une mini-prise de conscience. Un pas en avant...

Mettons fin à tout suspense: j'ai bien aimé ce film et la délicatesse avec laquelle il aborde un sujet sensible, pour ne pas dire tabou. Têtes d'affiche embarquées dans l'aventure en tant que doubles ciné de travailleurs sociaux bien réels, Vincent Cassel et Reda Kateb témoignent d'un engagement fort à l'égard de leurs personnages. Inédit jusqu'alors, leur duo fait aussi merveille quand il s'agit de jouer avec de véritables jeunes autistes, en reproduisant donc les gestes ordinaires de ceux qui, parents ou professionnels, s'occupent d'eux jour après jour, sans parfois être sûrs que cela les aide à aller mieux. Hors normes rend compte de ces réalités avec beaucoup de subtilité. C'est d'autant plus touchant que l'on apprend alors que ce sont parfois de jeunes adultes "en galère" qui font le boulot. Vous pouvez imaginer que le scénario garantit le yo-yo émotionnel. Soyez assurés toutefois que le long-métrage n'est JAMAIS larmoyant. Et oui, c'est tant mieux !

Il n'est pas interdit de prendre le film négativement. J'ai pu constater qu'il ne faisait pas l'unanimité parmi les soignants: certains ont jugé son approche de l'autisme passéiste et estimé qu'en se concentrant sur des cas sévères, il pouvait même donner raison aux thérapeutes qui pensent certaines personnes incapables de s'insérer dans le milieu dit ordinaire. Je suis, moi, bien trop peu connaisseur pour en juger. Cinéphile avant tout, j'ai vu un long-métrage capable de m'émouvoir en me faisant réfléchir (ou inversement). C'est précisément en cela que je le juge réussi et, autant le dire aussi, résolument optimiste. Hors normes pourrait vraiment, j'imagine, mettre du baume au coeur à certaines personnes aidantes, ce qui serait déjà une bonne chose. J'en suis ressorti un peu plus mobilisé qu'avant... et avec le sourire. Quelques cartons finaux donnent une série d'éléments sur la situation des autistes et de leurs proches dans notre pays. Ne les négligez pas !

Hors normes
Film français d'Olivier Nakache et Éric Toledano (2019)

Ils l'avaient montré avec le méconnu Samba: les papas d'Intouchables ont du coeur et la fibre sociale. Le résultat est tout à fait probant dans le film dont j'ai parlé aujourd'hui - et, à vrai dire, même plus que dans tous les autres de ce duo magique. C'est très prometteur. Maintenant, j'aurais presque envie de revoir Rain man, "vieux" film oscarisé et premier, sauf erreur, à avoir évoqué l'autisme au cinéma !

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En attendant que je me décide enfin...
Je ne saurais trop vous recommander de lire la chronique de Pascale.

6 commentaires:

Pascale a dit…

Un bien beau film en effet. Selon moi il ne traite pas de l'autisme mais des difficultés et de la lutte d'associations admirables qui n'ont pas de réalité juridique mais sont sollicitées par les instances officielles.
Vincent Cassel est éblouissant. On ne l'a jamais vu ainsi.

Martin a dit…

Il traite de l'autisme en "sourdine", si j'ose dire, en traitant des assos.

Tu as raison: Vincent m'a épaté dans un nouveau registre. Et Reda est fidèle à lui-même.
Ce qu'il y a de bien également, c'est que le film ne fonctionne pas seulement grâce à ce beau duo.

tinalakiller a dit…

Un film assez réussi, émouvant, sans être putassier et je vous rejoins concernant le véritable sujet du long. Je parlerais aussi de la question du vivre-ensemble avec ses différences (handicap, origines etc.). Cassel est excellent dans ce rôle si empathique.

dasola a dit…

Bonsoir Martin, c'est vrai que le film est très bien. Les acteurs sont bien dans leur rôle. Vincent Cassel est attachant. Un film qui donne la pêche et qui fait espérer dans le genre humain. Bonne soirée.

Martin a dit…

@Tina:

Effectivement, Tina, il est aussi question du vivre ensemble, ici. Je n'aime que moyennement ce terme, mais le fait que les autistes soient accompagnés par des jeunes "des quartiers" n'est évidemment pas anodin.

Martin a dit…

@Dasola:

J'ai vu que tu en avais parlé sur ton blog également. Nous sommes d'accord: le film donne la pêche. Comme quoi, malgré les discours pessimistes, il y a encore des gens capables de se mobiliser.