1933, 1976 et 2005: des trois principales versions de King Kong écrites au cinéma, je n'avais jusqu'à présent vu que celle du milieu, avec Jessica Lange et Jeff Bridges - qui sera d'ailleurs peut-être chroniquée ici un jour, étant donné qu'après l'avoir en partie découverte à la télé, j'ai acheté le DVD. Dernièrement, j'ai avancé dans le temps, et c'est dès lors l'ultime (?) interprétation du mythe immortel du grand singe amoureux qui a tourné sur ma platine, celle de Peter Jackson. Je l'avais manquée en salles à l'époque et j'avais envie de me rattraper à la maison. Première impression: pas déçu. J'ai eu globalement ce à quoi je m'attendais, un film qui ne lésine pas sur les moyens techniques pour en mettre plein la vue. Finalement, le héros de cette histoire est bien évidemment l'animal, et la vision qui en est donnée ici est pour le moins spectaculaire. Doucement mais sûrement, on finit presque par oublier que ce gorille géant n'existe évidemment pas. L'image de synthèse s'intègre parfaitement à tout le reste: c'est la grande réussite du film. Réussite d'autant plus importante que le primate en question n'est que le roi d'un bestiaire comportant également son lot de dinosaures et autres créatures plus ou moins bienveillantes. Mais chut...
Pour ce qui est de l'intrigue, et à moins d'avoir préféré passer l'ensemble des sept dernières décennies reclus dans une caverne isolée et obscure, le spectateur voyage clairement en terrain connu. Résumons tout de même. Années 30, un réalisateur de cinéma fauché et mégalo embarque son casting dans une traversée maritime, destination Skull Island, un site de tournage qui n'existe sur aucune carte. C'est là que son héroïne féminine est aussitôt enlevée par une peuplade assez peu amicale, et alors livrée en pâture au monstre poilu qui, seul, impose à tous un minimum de respect craintif. Voici donc King Kong, "dieu-singe" franchement effrayant de prime abord. Il est toutefois écrit que la Bête ne peut que tomber sous le charme de la Belle, au point de se laisser aller à lui ménager un abri au sommet de sa montagne. Et que les hommes, ambitieux et ingrats, plutôt que de l'en remercier, lui donneront la chasse, nourris du fantasme de revenir au pays couverts de gloire, avec, dans leurs bagages, la plus spectaculaire des attractions. Le destin est toujours implacable: seule la jolie jeune femme - Naomi Watts, dans cette version, en photo ci-dessus - tentera (en vain) à son tour de sauver son impressionnant admirateur...
Je ne sais pas si c'est pour s'assurer que le singe conserverait toujours la vedette, mais il n'y a pas de très grande star du cinéma dans ce King Kong. En amoureux transi, Adrien Brody (photo) est sans doute l'acteur le plus connu de la distribution. De manière finalement bien peu hollywoodienne, Peter Jackson s'ingénie d'ailleurs à faire disparaître quelques-uns de ses seconds rôles les plus charismatiques - ce qui est sans doute assez conforme à la version originale d'avant-guerre. Si j'ai un conseil à vous donner à ce stade de la critique, c'est de ne pas regarder ce film pour sa partie humaine. En soi, l'histoire est assez cousue de fil blanc et il n'est donc pas besoin d'avoir une connaissance encyclopédique du cinéma pour savoir comment tout cela va finir. En attendant l'escalade fatale de l'Empire State Building, il ne sera pas bien difficile de s'extasier devant la prouesse de ce - très - long métrage (2h30, quand même). Moi qui ne suis pas accro aux effets spéciaux, je conviens tout à fait que c'est ce qui m'a scotché ici. Bien d'autres choses peuvent évidemment être posées sur pellicule, c'est entendu. Dans son genre particulier, le film d'action réalisé ici doit être l'un des meilleurs. Disons au moins - j'insiste sur ce terme - l'un des plus spectaculaires.