lundi 20 avril 2009

Gabin-Audiard, plaisir à l'ancienne !

Allez, un vieux film, aujourd'hui ! L'autre dimanche, j'ai poursuivi dans ma démarche de découverte du patrimoine cinématographique français avec Gas-oil, oeuvre assez méconnue de Gilles Grangier, datée de 1955. Sans doute aurez-vous reconnu Jean Gabin, le héros (camionneur) de cette histoire "à l'ancienne". L'intrigue, elle, tient facilement en quelques mots. Chauffeur routier de son état, donc, Jean fait un aller-retour entre sa province et la région de Paris histoire de livrer une marchandise. Sur le chemin du retour, il doit affronter un très violent orage et, dans un virage, roule sur un corps allongé sur le bitume. Notre homme imagine le pire: il pense avoir percuté un homme ivre ou inconscient et l'avoir tué. Bien sûr, c'est une erreur ! Le corps en question était déjà sans vie avant l'accident. Il s'avère être celui d'un truand éliminé par ses complices. Lesquels complices vont tout de même mener la vie dure à l'infortuné Jean...

Bien qu'il se soit passé un demi-siècle depuis la période où il était affiché en salles, je peux vous dire d'emblée que j'ai vraiment apprécié Gas-oil. En fait, j'étais juste parti dans l'idée de voir quelque chose avec Jean Gabin, et, sachant également que j'ai encore trois autres films "inédits" ici, j'avais en quelque sorte l'embarras du choix. Je n'ai pas regretté ma sélection: sans être franchement un chef d'oeuvre immortel, le film de Gilles Grangier tient - si j'ose dire en l'occurrence - parfaitement la route. Il faut dire qu'il roule aussi sur des dialogues aux petits oignons de l'orfèvre, Michel Audiard soi-même. Mais là, point trop de truculence, plutôt juste ce qu'il faut de gouaille populaire et de poésie langagière. Amoureux des mots comme je le suis, je me suis véritablement régalé. Ce qui compte, dans cette grosse heure de cinéma, ce n'est pas tant l'histoire, mais plutôt le verbe et les situations.

Parmi les situations en question, j'en retiens une, à mes yeux certainement la plus intéressante: cette histoire d'honnêtes gens ennuyés par un trio de petites frappes est aussi une histoire d'amour entre les personnages principaux joués par le grand Jean Gabin, donc, et la très jeune et belle Jeanne Moreau. C'est sans doute autour de leur relation que Michel Audiard tisse ses meilleurs textes ! Ne négligeons pas pour autant le reste d'un casting fort inspiré, avec notamment un étonnant Roger Hanin dans la peau du chef de gang. Bref, Gas-oil, c'est une plongée dans le passé, un voyage catégorie "première classe" en compagnie de monstres sacrés. Evidemment, ce genre de spectacles a un côté suranné, le rythme imprimé au film étant bien sûr assez peu soutenu. Il n'empêche: j'ai pris beaucoup de plaisir devant mon écran et je vous recommande d'essayer si le noir et blanc ne vous rebute pas trop. Ce serait vraiment dommage de passer à côté sur un simple préjugé...

1 commentaire:

see see rider a dit…

La force de Gabin : toujours crédible, quel que soit le personnage et sa position sociale.

Le reste comme il le disait lui meme ne tiens qu'à trois choses :
une histoire, une hoistoire, une histoire....